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Rien ne va plus à la mosquée de Lunel

par Redaction

Les 800 adhérents de l’Union des Musulmans de Lunel devaient procéder ce dimanche 25 octobre à un vote pour élire le nouveau président après la démission de Rachid Belhaj et également de celle de son imam, El Hajj Bennasseur. Le président sortant avait été élu en janvier dernier après un scrutin très serré, des tensions entre les différentes tendances de l’islam et les modalités de gestion de la mosquée étaient au cœur des débats. Il semble que tout soit remis en question, même l’élection a été repoussée. Depuis janvier et les attaques de Charlie Hebdo, cette mosquée est régulièrement sous les projecteurs.

Un président contesté sur fond d’actualité djihadiste

La mosquée El Baraka est la mosquée d’une petite ville tranquille de 26 000 habitants dans l’Hérault. Elle avait suscité un emballement médiatique lorsque la France apprenait qu’une dizaine de jeunes étaient partis pour défendre la cause en Syrie et/ou l’Irak.
La crise provoquée par ces départs et la mort de six d’entre eux avaient alerté les pouvoirs publics au point que le maire de la ville avait pressé l’ancien président, Lahoucine Goumri, de les condamner fermement.

Monsieur Goumri qui refusait de se prêter au chantage de la condamnation avait déclaré : « La mosquée n’a rien à voir avec tous ces départs. Ce sont des départs individuels. Ils n’ont jamais concerté l’imam ou la mosquée. Les musulmans qui viennent à la mosquée sont des Lunellois et il n’y a aucun souci à Lunel. Il y a un problème à 6 000 km d’ici et on ne veut pas le ramener à Lunel. »
« C’est leur choix. Je n’ai pas à les juger. Seul Dieu les jugera. Si on doit condamner quelque chose, il faut condamner ce qui est condamnable. Pourquoi condamner ces jeunes qui sont partis au nom d’une injustice en Syrie et pas ces Français qui sont partis et ont tué des bébés palestiniens avec Tsahal l’été dernier ? Pourquoi est-ce qu’une mosquée condamnerait, alors que les autres religions ne le font pas ? ».
Les propos tenus par Mr.Goumri n’avaient pas plu aux bien-pensants de la classe politique française, qui ont réclamé sa tête. Abdellah Zekri, un des représentant du CFCM, avait souhaité que Lahoucine Goumri, « laisse place à une personne qui a des positions plus fermes et plus nettes ».

Le 11 janvier, les élections désignaient Rachid El hajj. Dix mois après, le 18 octobre, il annonce sa démission à son tour pour les mêmes raisons que celles de l’imam, à savoir, la profération de menaces de mort.

Un imam et sa famille menacés de mort

Les menaces de mort envers l’imam ont été jugées par la justice en septembre, qui a condamné les deux auteurs de ces menaces, deux trentenaires de 31 et 37 ans, à deux ans d’interdiction de la mosquée et à 16 et 18 mois de sursis. « On va brûler tes enfants » figuraient parmi les menaces retenues par le tribunal. Des menaces niées par ces fidèles qui ne se définissent pas comme des radicaux. Ils ont ainsi pu réintégrer les lieux en faisant appel de la décision de justice tout en continuant leur harcèlement. Aucune mesure protection n’a été accordée malgré la violence des éventuels propos.

L’affrontement entre les différentes doctrines de l’islam n’est pas étranger à ces pressions qui ont poussé l’imam à démissionner et à déménager !
L’imam qui avait condamné les attentats de Charlie Hebdo, officiait depuis 2010 dans cette mosquée. Sa position contre les départs au « djihad » était claire et assumé et n’avait, selon lui, rien d’un « précepte islamique ». Il a notamment tenu des prêches pour dissuader les jeunes de partir. Mais le climat de tensions qui régnait dans la mosquée devenant trop pesant voire dangereux pour lui et sa famille, il a préféré se retirer.
La mosquée n’a pas communiqué sur ces récents rebondissements. L’élection pour désigner la nouvelle équipe d’administrateurs de l’Union des Musulmans de Lunel prévue dimanche à 16h30 a été annulée et reportée à dimanche prochain, en attendant le poste d’imam reste vacant.

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