La ville de Shawinigan a officiellement refusé la demande de changement de zonage qui était nécessaire afin de construire une mosquée dans une partie du parc industriel Albert-Landry, par « peur de l’Islam ».
Augmentation exponentielle de l’islamophobie
Lundi 9 février, a eu lieu la séance privée du conseil municipal de Shawinigan, au cours de laquelle s’est décidé le non-accord de la modification de zonage qui aurait permis aux musulmans de la ville d’avoir une mosquée où prier. Au lendemain, mardi 10 février, s’est déroulée l’assemblée publique. Michel Angers, le maire de la ville, y a déclaré :
« Pour moi, c’était une décision extrêmement, excessivement difficile. C’est une décision qui venait bousculer mes valeurs personnelles. Mais au-delà de mes valeurs personnelles, j’ai tenu à être solidaire de la décision de mon conseil et je peux vous dire que je le suis encore (…) Plus on approchait de l’adoption finale du règlement, plus la pression montait de façon exponentielle. Des demandes arrivaient de partout, de Shawinigan, de l’extérieur, de partout à travers le Québec. Des demandes pressantes qui étaient presque toujours guidées par la peur pour qu’on n’accorde pas ce zonage pour des activités religieuses, fort probablement parce qu’il s’agissait d’une communauté musulmane.» En poursuivant : «Il y a des fins et des pas fins dans toutes les religions. Nos musulmans sont fins, mais les citoyens craignaient que si le projet allait de l’avant, cela allait attirer des pratiquants plus extrémistes (…) La peur peut être rationnelle ou irrationnelle. Quand les gens écoutent systématiquement les médias, ils ont l’impression que le terrorisme est à nos portes. C’est ce qui a installé cette peur.» En concluant : «Il va falloir favoriser le dialogue entre les communautés. Notre rôle est de faire en sorte que la pression diminue.»
Des musulmans harcelés depuis cette affaire
Un représentant du Centre culturel musulman de Shawinigan rapporte que depuis ce refus, de nombreuses familles ont songé à quitter la ville. En plus de la déception de cette décision, certaines d’entre elles sont confrontées, depuis quelques jours, à des messages haineux reçus sur la boîte vocale de ces dernières. La communauté musulmane manifeste un mécontentement vis-à-vis de la ville qui n’admet pas l’injustice dans cette affaire. Le conseil d’administration du Centre culturel musulman insiste sur les « OUI » accordés à toutes les autres demandes de changement de zonage du 10 février, et à l’unique « NON » destiné à la leur. Il se réunira aujourd’hui « pour faire le point ».
La CAQ satisfaite
La CAQ (Coalition Avenir Québec), elle, ne cache pas sa joie et pense que « la Ville de Shawinigan a bien fait de céder aux pressions de citoyens apeurés par le projet d’implantation d’une mosquée. » La députée de Montarville estime que « l’administration municipale est l’administration qui est la plus près des citoyens et elle a bien fait d’écouter la population. »
Les amalgames se perpétuent et la désinformation y contribue fortement, une peur excessive de l’Islam grandit et c’est toute une communauté, à travers le monde, qui en pâtit.