En mai 2016, Manuel Valls a annoncé la création de 13 centres de réinsertion pour « personnes radicalisées » ou susceptibles de basculer dans le djihadisme, soit un par région. Le premier, celui de Beaumont-en-Véron en Indre-et-Loire, devrait ouvrir en septembre.
Un premier centre basé sur le volontariat
Dans un premier temps, seulement dix jeunes, âgés de 18 à 30 ans, rejoindront le centre, d’une capacité d’accueil de 30 places. Ce projet est pour l’instant basé sur le volontariat : les préfets, en lien avec les services sociaux et les familles doivent ainsi signaler les individus qui pourraient avoir le profil adéquat : les jeunes en rupture avec la société, ayant montré des signes de radicalisation comme un désir de départ pour la Syrie ou l’Irak, ou encore signalés par leurs familles au numéro vert « stop djihadisme » mais qui ne font pas l’objet de poursuites judiciaires, donc qui n’auraient pas été incarcérés. Manuel Valls a précisé que les premiers accueillis «pourront être des repentis dont nous éprouverons la sincérité et la volonté de réinsertion dans la durée ».
Un objectif de « déprogrammation »
Pour ce qui est du programme en lui-même, dont la durée est fixée à dix mois, il consistera à « accompagner chaque jeune qui le souhaite pour qu’il se reconstruise et retrouve sa place dans la société ». Pour cela, en plus du travail et du sport, le programme sera notamment basé sur un travail psychologique pour les amener à « douter » et à « se réapproprier leur esprit critique » avec par exemple des séminaires sur « le fait religieux et la laïcité ».
Dans un deuxième temps, avant fin 2016, un autre centre devrait voir le jour. Celui-ci traitera « des cas plus lourds », des radicalisés « sous main de justice » qui, eux, ne seront pas volontaires : en effet, pour des personnes qui ne peuvent pas être placées en détention mais doivent être sous contrôle judiciaire, ce programme est une alternative qui aura clairement pour but de les « déprogrammer ».
Ces centres ont un objectif très ambitieux : enlever les idées de crimes, attentats que les potentiels terroristes estiment être les clés du paradis, et, si possible, les remplacer par les valeurs de la république, entité qu’ils haïssent et qu’ils sont prêts à combattre au prix de leur vie. Aussi, encore une fois, ces centres sont des ouvertures à la dérive : considérés comme alternative à l’assignation à résidence, dont l’inefficacité a été prouvée par l’assassinat du père Hamel, ces établissements pourraient très vite devenir la prison de musulmans soupçonnés car « trop pratiquants ».