Alors qu’elles étaient certaines de ne pas sortir de l’église vivantes, les religieuses présentent lors de la prise d’otage de l’Eglise de Saint-Etienne du Rouvray sont sorties vivantes et indemnes de ce cauchemar, mais avec souvenirs qui ne les quitteront désormais plus jamais.
« J’ai eu le droit à un sourire »
Tout a commencé lorsque l’un des deux assassins du prêtre a demandé à Hélène, l’une des religieuses prises en otage, si elle avait « peur de mourir ». Divers échanges ont tout de suite commencé à s’installer, des échanges que ces dernières n’oublieront jamais. Danielle, une autre religieuse, raconte :
« Les terroristes ont agenouillé le prélat. Jacques leur a crié : « Arrêtez qu’est-ce que vous faites ? » C’est là que l’un d’entre eux a porté le premier coup sur sa gorge. Je suis alors partie ».
C’est alors que l’un des assassins est passé à l’acte en tuant le prêtre. La sœur Huguette témoigne avec étonnement :
« J’ai vu sur l’écran l’aube blanche de Jacques avec la tâche rouge […] J’ai eu le droit à un sourire du second. Pas un sourire de triomphe mais un sourire doux, celui de quelqu’un d’heureux. »
La sœur Hélène et une autre religieuse ont alors demandé à s’asseoir, ce qu’elles ont pu faire : « Je lui ai aussi demandé ma canne. Il me l’a donnée […] Visiblement, ils attendaient la police. »
« Tant qu’il y aura des bombes sur la Syrie, nous continuerons les attentats »
Les échanges concernant les religions ont ensuite commencé. Durant ces échanges, l’un des terroristes lui a demandé si elle connaissait le Coran, ce à quoi Hélène a répondu :
« Oui, je le respecte comme je respecte la Bible, j’ai déjà lu plusieurs sourates. Et ce qui m’a frappé en particulier, ce sont les passages sur la paix. » C’est alors qu’il lui a répondu :
« La paix, c’est ça qu’on veut. Quand vous passerez à la télévision, vous direz à vos gouvernants que tant qu’il y aura des bombes sur la Syrie, nous continuerons les attentats. Et il y en aura tous les jours. Quand vous arrêterez, nous arrêterons. »
« Avez-vous peur de mourir ? »
Une question à laquelle sœur Huguette répond « Non », et lorsque son interlocuteur lui demande « pourquoi » elle répond : « Je crois en Dieu et je sais que je serai heureuse. » Il réplique alors : « Jésus ne peut pas être homme et Dieu. C’est vous qui avez tort. » « Peut-être, mais tant pis » lui répond-t-elle : « je ne voulais pas mettre de l’huile sur le feu et ne pas renier ce que je pensais. »
Au moment où les forces de l’ordre sont arrivées, « les terroristes se décident à sortir ». « Mais ils ne se sont pas mis totalement derrière nous. À croire qu’ils allaient au-devant de la mort » rapporte Hélène. « Moi j’ai bougé mon sac. La boucle métallique a fait un bruit. Le même qui m’a souri m’a alors dit : « Ne bougez pas. Restez là. » poursuit Huguette. C’est alors que les deux assassins ont été abattus.