La préfecture d’Alsace, connue pour son volontarisme envers la communauté musulmane de la région, vient d’ouvrir le dossier jugé sensible d’un enseignement sur l’Islam dans les écoles publiques. Comment cet enseignement s’articulera et par quelle instance sera-t-il pris en charge ? Certaines interrogations persistent.
Une instance mise en place par la préfecture alsacienne
Depuis longtemps, les pouvoirs publics alsaciens font preuve de volontarisme sur l’intégration de l’islam au sein de la société. Cela va du soutien à la construction de mosquées et de cimetières musulmans à l’enseignement de l’islamologie à l’université. L’étape suivante serait-elle l’introduction d’un enseignement musulman dans les écoles publiques de la région ? En mai, l’Observatoire de la laïcité a appelé à rendre optionnel l’enseignement de religion à l’école en Alsace-Moselle, c’est dans cette optique que la préfecture alsacienne souhaite utiliser cet outil en faveur du culte musulman.
Jean-Cluade Hergott, fonctionnaire en charge des cultes auprès du préfet, dévoila ses ambitions lors du passage à Strasbourg de l’imam de Bordeaux Tarek Oubrou. Il annonçait l’imminente mise en place d’un « groupe de travail sur l’éveil du culte musulman dans l’école publique » et une probable « première expérimentation à la rentrée, en primaire ou au collège ». Depuis, la préfecture se refuse à tout commentaire.
Instruire pour « protéger nos enfants »
Pour Abdelhaq Nabaoui, vice-président du Conseil régional du culte musulman (CRCM), cette main tendue est bienvenue : « le préfet nous a assuré que cette instance n’était pas là pour remplacer le CRCM mais pour l’aider à avancer. C’est une très bonne chose que la préfecture accompagne l’organisation du culte, car le CRCM n’a pas de moyens ».
Pour le vice-président du CRCM, l’enseignement de l’islam doit agir comme un rempart contre la radicalisation. « Les jeunes consomment ce qu’ils trouvent sur Internet. Nous devons les vacciner contre les idées extrémistes. Nous voulons protéger nos enfants des manipulations », ajoute-il.
Au-delà de la déclaration d’intention, le préfet et ses partenaires s’entendront-ils sur la même chose ? Responsables et membres associatifs musulmans, fonctionnaires du Rectorat, et élus de la Région devront se mettre d’accord sur un contenu d’enseignement, la formation et le statut des enseignants qui le dispenseront, le choix des établissements pilotes.
Quel serait l’objet d’un enseignement sur l’islam ? Traiterait-il de fait religieux, c’est-à-dire de l’islam comme fait de société, ou s’agirait-il d’un cours de religion à proprement parler ? Pour Abdelhaq Nabaoui, c’est le fond du débat qui se posera au sein de la préfecture : « Fait religieux ou religion, c’est la question la plus importante et nous ne l’avons pas encore tranchée. Je ne vois pas le problème de penser à un cours de religion, si on travaille avec l’Académie, sachant que nous avons un régime qui le facilite ».
1 commentaire
Merci pour avoir repris nos informations sans nous citer… C’est du vol.