Il y a un an, des centaines de milliers de Rohingyas, population d’obédience musulmane de la province de Rakhine au Myanmar, fuyaient les persécutions. Ils ont trouvé refuge au Bangladesh dans le camp de Kutupalong-Balukhali, près de Cox’s Bazar. Alors que leur retour n’est toujours pas envisageable, le défi pour les ONG est de répondre aux besoins de ces réfugiés sur un plus long terme. Le soutien psychosocial des enfants et la sensibilisation aux bonnes pratiques d’hygiène sont les nouvelles priorités du Secours Islamique France.
Près d’un million de personnes, dont plus de 530 000 enfants, vivent entassées sur un terrain vulnérable aux aléas climatiques. Le Secours Islamique France (SIF) s’est mobilisé dès les premiers temps de la crise. Avec son partenaire local, l’ONG Friendship, le SIF a d’abord procédé à des distributions alimentaires d’urgence, puis a construit des puits, des latrines et des douches, garantissant l’approvisionnement en eau potable et l’hygiène. « Alors que la sécurité alimentaire d’urgence et les besoins d’accès à l’eau semblent couverts, il faut se recentrer sur les autres besoins cruciaux », estime Xavier Grosset, coordinateur de terrain pour le SIF dans le camp de Cox’s Bazar.
Anticiper les risques sanitaires liés à la mousson
Face aux risques occasionnés par la mousson, il faut sécuriser les puits et les installations sanitaires pour qu’elles continuent de fonctionner, ne soient pas inondées ou emportées par un glissement de terrain. « Ces risques ont été pris en compte lors de la construction, mais le terrain étant très meuble, une maintenance rigoureuse est nécessaire ». Pour parer aux risques de maladies hydriques, le SIF projette aussi de sensibiliser aux bonnes pratiques d’hygiène. L’action touchera 11 000 personnes par groupes de quinze familles avec des sessions d’information sur cinq mois, suivies de visites à domicile pour tester la mise en pratique. « Nous ciblons particulièrement les femmes et les enfants, les premières parce que c’est à elles qu’incombent traditionnellement la préparation des repas et l’hygiène corporelle de la famille, les seconds parce qu’ils adoptent plus facilement de nouvelles pratiques et s’en font les promoteurs. »
Soutenir le développement psychosocial des enfants
Le bien-être mais aussi le futur des 530 000 enfants du camp, privés de scolarisation, est en jeu. C’est dans ce domaine où il dispose d’une longue expertise, que le SIF va intensifier son action. Deux centres psychosociaux, inaugurés en mai accueillent chacun 150 enfants, un troisième est planifié. Ils y apprennent les maths, le bengali, l’anglais et le birman et participent à des jeux éducatifs. « L’important n’est pas seulement le soutien scolaire, c’est aussi cette fenêtre ludique qui leur permet d’échapper à la vie du camp et ses corvées pour redevenir juste des enfants », souligne Xavier Grosset. « A les voir animés et joyeux, on en oublie presque ce qu’ils ont vécu mais leurs dessins révèlent les traumatismes. On y voit des hélicoptères et des corps maculés de points rouges. Ils ont dessiné leur grand-mère ou leur père assassinés. »
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