Près de 2.000 migrants Rohingyas et Bangladais ont été secourus près des côtes indonésiennes et malaysiennes, ce dimanche 10 mai, vraisemblablement abandonnés par leurs passeurs sur ces embarcations précaires.
La fuite des persécutions
De confession musulmane, ces Rohingyas sont considérés par l’ONU comme persécutés dans une Birmanie à dominante bouddhiste. Ils sont à peu près 1,3 million à être vus comme des immigrants illégaux et sont les cibles de violences interethniques meurtrières depuis 2012. Ainsi des dizaines de milliers de ces musulmans ont été contraints de fuir cette terre, provoquant chaque année l’exil de plus en plus de migrants.
Des candidats à l’exil
Dimanche 10 mai, c’est quatre bateaux de réfugiés avec plus de 1.400 personnes à bord qui ont gagné les rivages malaysiens et indonésiens. Ceci au lendemain de l’arrivée en Indonésie d’un premier groupe de 600 personnes. Parmi ces migrants figuraient au moins 92 enfants. Chaque année, des milliers de candidats à l’exil transitent par le sud de la Thaïlande et vers la Malaisie pour échapper à la pauvreté et aux violences. Ces exilés affamés ont donc touché terre en Malaisie après avoir été abandonnés dans des eaux peu profondes au large de l’île touristique de Langkawi.
« Nous pensons qu’il y avait trois bateaux avec à bord 1.018 migrants », dont 555 Bangladais et 463 Rohingyas, a déclaré Jamil Ahmed, chef adjoint de la police.
En Indonésie, les secouristes ont découvert lundi un nouveau bateau dérivant au large d’Aceh, sur la pointe nord de l’île de Sumatra. Cette embarcation transportait environ 400 hommes, femmes et enfants, selon l’AFP et le responsable des secours de la province d’Aceh, Budiawan. De l’eau et de la nourriture ont été apporté à bord de ce navire endommagé et laissé à l’abandon par son capitaine, car Jakarta n’a pour l’heure aucune volonté d’autoriser les migrants à toucher terre.
« Débarquer avant de mourir »
Comme vu récemment en Méditerranée, les clandestins prennent la mer au prix de leur vie. Cependant, une fois arrivés dans le sud de la Thaïlande – s’ils y parviennent – ces Bangladais et Rohingyas sont les proies des trafiquants d’humains. Chris Lewa, de l’association Arakan Project qui défend les droits de la minorité Rohingya, estime que des milliers de personnes sont bloquées en mer à la suite des campagnes de répression du trafic d’êtres humains lancées il y a peu en Thaïlande et en Malaisie.
Abdoul Rahim, un Bangladais de 25 ans parvenu à la nage sur le rivage de Langkawi dimanche, a expliqué à l’AFP qu’il avait passé 28 jours en mer sous la coupe de passeurs birmans, avec des centaines d’autres personnes, dans des conditions précaires. « On nous a donné très peu d’eau et de nourriture. Quand j’en ai réclamé, j’ai reçu des coups de bâton et de barre de fer », raconte-il en montrant une entaille dans son dos. « L’essentiel était de débarquer avant de mourir », ajoute le jeune homme. Les migrants se trouvaient donc en état de choc et extrêmement stressés psychologiquement, selon les secouristes.
En Indonésie musulmane, certains réfugiés ont été accueillis chez des habitants, « comme les migrants sont aussi des musulmans, les habitants ont de l’empathie pour eux et leur ont ouvert les bras, leur donnant nourriture, vêtements et eau », explique Tegas, un responsable local des services de l’immigration.
Comme souvent, la communauté internationale reste muette face à ces événements et au sort de cette population. Les extrémistes bouddhistes totalement décomplexés face à ces Rohingyas méritant aucun droit d’après eux, continuent les exactions. Alors que près de 8.000 personnes se trouveraient toujours coincées en pleine mer à cause de l’abandon de leurs passeurs et du refus des autorités indonésiennes à les accueillir sur terre.