Au lendemain des débordements qui ont eu lieu lors des manifestations du 1er mai le ministre de l’intérieur, Gérard Collomb, considère que les violences ont atteint « une ampleur qui n’avait jamais été connue » . Peut-être faut-il lui rappeler cette sombre journée du 1er mai 1995.
L’affaire Brahim Bouarram
Il y a 23 ans, le 1er mai 1995, Brahim Bouarram, jeune Marocain de 29 ans, mari et père de deux enfants, a été poussé dans la seine par un manifestant d’extrême droite en marge du défilé annuel du Front National en l’honneur de Jeanne d’Arc. Il y meurt noyé ne sachant pas nager.
Jean-Marie le Pen avait à l’époque qualifié le crime « d’incident » et le principal accusé avait écopé de 8 ans de prison ferme pour ce meurtre !
C’est seulement en 2003 qu’une plaque commémorative sera placée à l’endroit où Brahim Bouarram a été jeté.
Les biens matériels plus précieux que la vie d’un homme ?!
Cette année, le bilan est lourd. En effet, les principaux fauteurs de troubles, appelés les Black bloc (un groupuscule extrémiste), auraient dégradé « 31 commerces, dont deux incendiés. Six véhicules ont été incendiés et 10 autres ont été dégradés, du mobilier urbain a également été dégradé » selon la préfecture de Paris
Cet excès de violence est évidemment condamnable et inacceptable. Mais est-ce plus précieux que la vie d’un homme et la blessure indélébile que cette perte a suscité à la famille et aux proches de celui-ci ?
Alors, NON monsieur le ministre de l’intérieur ! Ces violences n’ont pas atteint « une ampleur qui n’avait jamais été connue ». Ces violences ont existé sous la forme la plus cruelle qui soit et continuent, malheureusement, d’exister sous une autre forme.