Mardi 5 janvier, le grand couturier italien Stefano Gabbana a dévoilé les premières photos de sa nouvelle collection de hijabs et d’abayas Dolce & Gabbana via son compte Instagram.
Les chiffres motivent les intentions
L’agence de presse Thomson Reuters a récemment mené une étude qui a révélé que « les musulmans dans le monde dépensent 266 milliards de dollars en vêtements et chaussures par an, soit plus que les Japonais et les Italiens réunis. D’ici 2019, ce chiffre devrait passer à 484 milliards de dollars. » Clairement, la marque Dolce & Gabbana a su où investir. La nouvelle collection destinée aux femmes voilées comprend principalement des hijabs, des abayas, pour la plupart noires ; le tout évidemment brodé en soie, en dentelles et aux motifs colorés.
Stefano Gabbana et Domenico Dolce s’expliquent : « Les musulmans représentent 22 % de la population et leurs exigences vestimentaires sont trop souvent délaissées par les grandes maisons de couture et de prêt-à-porter européennes. » Ainsi, les designers espèrent principalement répondre aux attentes des « femmes issues des pays du Golfe et adeptes des grandes maisons de couture. »
Les musulmans : « un segment de consommateurs »
A travers une interview accordée au magazine Fortune, Reina Lewis, professeure au London College of Fashion et auteure de la Mode musulmane: les cultures du style contemporain avait déclaré à ce sujet :
« Dans le monde, la population musulmane est jeune et très dynamique d’un point de vue démographique. Cela fait des musulmans un segment de consommateurs très important dans tous les domaines. »
Certains critiqueront la nouvelle, d’autres s’en réjouiront. Entre les débats sur le voile qui n’en finissent plus, les propositions de l’interdire -ou encore de les remplacer par des bonnets- et les créateurs de mode qui, au contraire, en tirent profit se jetant sur une nouvelle occasion de s’enrichir ; il n’en demeure pas moins vrai que les sociétés d’aujourd’hui ont réduit la femme musulmane en un « produit » qui est utilisé, autant dans la politique que dans la mode, afin de servir les intérêts de chacun, sauf les siens.