Chaque vendredi, des milliers de musulmans se rassemblent dans les quelques mosquées de la perle des Antilles. Nombre d’entre eux sont des reconvertis et notamment des jeunes en quête de spiritualité dans un pays où le catholicisme, le christianisme, les témoins de Jéhovah et le vaudou sont les religions majoritaires. La reconversion de ces jeunes passe, pour la plupart, par les médias et plus particulièrement la télévision et internet.
« J’étais dans une religion qui s’appelle disciple. Là, on m’a appris beaucoup de choses dans la bible. Mais en suivant régulièrement l’émission Haïti-islam réalisée par Télémax, je commence à déceler quelques contradictions dans la Bible. En faisant une comparaison entre les différentes versions de la Bible, j’ai finalement compris qu’il ne s’agit pas d’un problème de traduction, mais c’est une falsification. J’avais accumulé assez de preuves pour déduire que l’islam est vérité et le dernier prophète est Mohammed, non pas Jésus. Et j’ai ainsi accepté l’islam. » témoigne Grégory Alexandre.
« J’étais très jeune, je ne comprenais pas grand-chose. J’étais catholique. Mais en regardant les musulmans, j’aimais la façon dont les femmes étaient voilées. Ensuite, dans l’islam, les femmes ont beaucoup de respect. » raconte Raïcha, qui a une vingtaine d’années.
Derrière l’engouement, une histoire
Bien que cette jeune génération démontre un engouement remarquable pour la religion du prophète Mohammed (paix et bénédictions sur lui), l’histoire de l’islam à Haïti ne date pas d’hier. Cette religion est arrivée avec les esclaves noirs, parmi lesquels se trouvait une minorité de musulmans.
Il aura fallu attendre la fin des années 80 pour que des intellectuels, politiciens et d’autres professionnels haïtiens apportent l’islam avec eux, au retour de leurs voyages en Amérique du nord. Fidèles et imams émergent discrètement, bâtissant la première mosquée en 1994 à Delmas. Aujourd’hui il existe une dizaine de mosquées dispersées dans différentes villes accueillant chacune, grâce à Dieu, entre 150 et 200 fidèles. Même si l’islam reste une religion minoritaire dans ce pays, cette ferveur de la part de nos frères haïtiens commence à poser les questions de sa reconnaissance sur le plan politique.