Yannick Nadesan, président de la Collectivité Eau du Bassin Rennais a signé, mercredi 21 octobre 2015, une convention de partenariat d’aide pour l’eau de ville de Beitunia, représentée par son Maire M. Rhibi Dola, pour une durée de trois ans. Cette coopération vise à accompagner la ville palestinienne pour améliorer son réseau d’eau potable. Une initiative salutaire quand on connaît l’injustice qui règne entre Israéliens et Palestiniens quant à l’accès à l’eau.
L’eau, source d’inégalités
La ville de Beituna avec ses 30 000 habitants et troisième plus grande ville de Cisjordanie, est située à 3 km à l’ouest de Ramallah, à 14 km au nord de Jérusalem. L’eau gérée par la mairie, est acheté au Jerusalem Water Undertaking à hauteur de 35 000 m³ par mois. L’acheminement de l’eau est défectueux avec une perte de l’ordre de 30 % sans parler des difficultés diverses comme des pressions insuffisantes à certains endroits et des mauvaises évacuations d’eau de pluie. A cela s’ajoute des coupures régulières d’eau notamment en été. L’eau est coupée 48 heures par semaine, soit 16 heures tous les trois jours, imaginons un peu ! Enfin, la mairie manque de données de base sur les plans et les caractéristiques concernant le réseau d’eau.
Un bien précieux monopolisé par Israël
Pour parler clairement, Israël use de l’accès à l’eau comme d’une arme politique pour affaiblir davantage une population déjà opprimée. L’inégalité des forces en présence mène inévitablement à des abus de la part du colonisateur même si les lois internationales prévoient le contraire. Selon les accords d’Oslo I et II, par exemple, Israël doit fournir de l’eau potable aux Palestiniens. En réalité Israël utilise 80% des ressources de Judée-Samarie, et les 20% restants sont partagés par les Palestiniens. Les couleurs verdoyantes de la plupart des colonies n’ont rien à voir avec les réserves hasardeuses que sont obligés de constituer les Palestiniens pour palier aux premiers besoins.
Les villes de Cisjordanie sont situées sur des zones de plateaux sillonnés de vallées fertiles. Leur territoire comprend également la partie sud de la vallée du Jourdain, très fertile du fait de la proximité du fleuve, mais qui est sous total contrôle Israëlien. Ainsi la consommation d’un Israélien est de 400 litres par jour. Celle d’un colon en Cisjordanie est de 800 litres par jour. Celle d’un Palestinien est de 70 à 90 litres par jour. La moyenne mondiale est de 170 litres par jour.
A ces inégalités d’accès à l’eau s’ajoute celle du prix. L’eau est subventionnée dans les colonies juives, ainsi le Palestinien peut être amené à payer l’eau quatre fois plus cher qu’un colon.
Ariel Sharon déclarait en 2011: « Ce n’est pas par hasard que les colonies se trouvent là où elles sont. Il faut conserver la zone de sécurité ouest en Cisjordanie, la zone de sécurité Est, les routes qui relient Jérusalem et, bien entendu, la nappe phréatique d’où vient le tiers de notre eau. »
Une coopération qui tend à réduire ces inégalités
La coopération établie entre la ville de Beituna et Rennes a pour objectif de résorber ces inégalités par un partage des connaissances et des savoirs faire et d’améliorer le réseau défaillant de la ville palestinienne. Plusieurs domaines d’interventions ont été ciblés pour cela, notamment : l’exploitation d’un réseau d’eau potable, la recherche de fuites et réparations de canalisations, la réalisation d’un schéma directeur de réseau d’eau potable, la cartographie numérique du réseau, la programmation de travaux de renouvellement, le programme d’économie d’eau, la formation et les échanges d’expériences entre élus et services des deux collectivités.
Le président de la collectivité Eau du bassin rennais d’ajouter :
L’eau potable est une question cruciale dans les territoires palestiniens. A travers cette coopération technique, concrète, nous apportons nos compétences en ingénierie », qui tient aussi à adresser « un message de solidarité, de soutien au peuple palestinien. »