On attendait une réaction de la France depuis des semaines et c’est l’Allemagne qui donne l’impulsion pour bousculer les retranchements des uns et des autres. François Hollande et Angela Merkel ont envoyé,jeudi 3 septembre, une lettre détaillant les mesures à envisager pour protéger ceux pour qui « l’Europe est le dernier espoir ». La lettre a été adressée aux présidents du Conseil européen et de la Commission ainsi qu’au Premier ministre luxembourgeois qui assure la présidence semestrielle de l’Union.
Un appel commun en direction des pays d’Europe Centrale et des Etats membres de l’UE
La mort du petit Aylan n’explique pas ces réunions d’urgence, pour autant François Hollande a évoqué l’« émotion » suscitée par cet « enfant noyé (…) parce que sa famille voulait rejoindre la Grèce et donc l’Europe ». « C’est une tragédie, mais c’est aussi une interpellation à l’égard de la conscience européenne ».
Les dirigeants germano-français rappellent dans cette lettre l’importance de respecter la libre circulation dans l’espace Schengen face à ce « grand défi pour l’Europe ». Ils ont également évoqués « la responsabilité de chaque Etat membre et la solidarité de tous », ils appellent à mettre en œuvre « intégralement et sans délai » toutes les dispositions prises par l’Union Européenne comme la création de centre d’accueil « hotspot » et l’accès au droit d’asile dans tous les pays membres. A terme, la Commission devra s’entendre sur « droit d’asile unifié ». Des actions au compte-goutte jusque là insuffisantes, l’improvisation laissant place à l’urgence.
La France a complètement raté le coche
Jusqu’à récemment, la France était restée spectatrice d’une crise sans précédent, une déception pour le pays des Droits de l’Homme qui a tardé à se positionner clairement sur le sujet.
Alors que la Hongrie installe des barbelés le long de ses frontières par peur de l’invasion « musulmane », la Slovaquie n’entend accepter que des syriens chrétiens! L’Allemagne sort heureusement de ce lot d’ambiguïtés et mérite sa place d’exemple en matière de politique d’accueil. La mobilisation exceptionnelle des autorités nationales et locales allemandes n’est en rien comparable avec le silence, la prudence, la tétanisation française.
Les dirigeants du PS semblent sortir de leur léthargie après être restés des semaines sur le volet sécuritaire de la question des migrants et avoir déniés l’ampleur de la réalité de cette crise humanitaire. « La mobilisation au PS a mis du temps, trop de temps » a déploré la député PS de Saône-et-Loire, Cécile Untermaier. Les élus parlent d’une réticence des administrés à accepter un accueil massif, et les citoyens ne comptent plus sur la frilosité des responsables politiques pour agir et le temps passe. Pourtant, onze maires des communes de Haute-Garonne ont décidé de se mobiliser pour accueillir des familles de réfugiés et appellent les élus socialistes de la région et des alentours à se joindre à cette action à l’initiative de Christophe Borgel, maire de Portet-sur-Garonne.