La violente attaque près de Naplouse par des colons israéliens qui a provoqué la mort de Ali Saad Dawabsha, un bébé de 18 mois, risque de jeter le feu au poudre en Cisjordanie et dans toute la Palestine après une semaine déjà chargée en heurts, notamment après la violation de la mosquée sacrée Al Aqsa. Les réactions devant la barbarie de l’acte ne se sont pas faits attendre.
Réaction internationale unanime : les colons sont des terroristes
Pour rappel des faits, vendredi aux alentours de 4 heures du matin, des colons israéliens (deux selon l’enquête initiale) masqués se sont introduits dans le village de Duma près de Naplouse, ont cassé les fenêtres de deux maisons dont celle de la famille Dawabsha, et ont jeté des cocktails molotov. Le bébé de la famille Dawabsha a succombé à ses blessures dans l’incendie, ses parents et son frère de 4 ans grièvement brûlés ont eux été transférés dans un hôpital israélien.
Le monde politique international a unanimement condamné cette attaque qualifiée de « terroriste » et l’ONU a déploré l’impunité des colons. Ban Ki-Moon a reproché en effet au gouvernement israélien de ne pas remédier à ce problème des agressions de colons, et a souligné que « l’incapacité persistante à faire cesser l’impunité pour des violences répétées commises par des colons a mené à un nouvel incident horrible et à la mort d’un innocent » . Idem pour l’Union Européenne qui appelle le gouvernement israélien à assumer la pleine responsabilité de cette agression. François Hollande rejoint la qualification de terroriste de cet acte et affirme que le Premier ministre Benyamin Netanyahu a « prononcé les mots qu’il fallait .» Est-ce bien suffisant pour la seule démocratie du Moyen-Orient?
Réaction du Hamas : appel à des opérations de type « loup solitaire »
En réponse à l’agression criminelle de vendredi, déclaré jour de colère, et aux précédentes provocations notamment à la mosquée sacrée Al aqsa, le Hamas appelle à des opérations « loup solitaire ». Cela mérite, d’après le porte-parole du Hamas, Hussam Badran, une « réaction exceptionnelle de notre peuple et de sa résistance » .
« Ce crime » , a poursuivi Badran selon le quotidien du Hamas al-Resalah, « fait des soldats de l’occupation et des colons une cible légitime pour la résistance partout et en toute condition . » Il a également appelé l’Autorité Palestinienne à libérer tous les prisonniers politiques et à cesser la répression contre les membres du Hamas.
Ces actes de vandalisme et de terrorisme menés par des colons extrémistes, connus sous le label de « prix à payer » sont récurrents depuis des années et l’intensité des agressions qui ont conduit dernièrement à la mort d’un innocent démontre un laisser-faire de la part des autorités israéliennes. En effet, 85,3% des plaintes de Palestiniens après des attaques commises par des habitants des implantations étaient classées sans suite. Pour beaucoup d’organisations palestiniennes, l’Etat hébreu est complice.
Réaction de la famille d’Abu Khdeir
Cet acte n’est pas sans rappeler la mort tout aussi barbare de Mohamed Abou Khoudeir, également brûlé vif en juillet 2014. Son père a confié au journal israélien Ynet que c’est « comme si mon fis avait été une nouvelle fois assassiné » :
« Nous sommes brûlés, ils ont brûlés notre fils et ils nous ont brûlés et jusqu’à aujourd’hui nous sommes dans une situation difficile » a dit Abou Khdeir. » Et d’ajouter : « Le gouvernement israélien ne veut pas la paix. La moitié des membres du gouvernement sont des colons, ils ne veulent pas la paix, ils ne veulent rien. Ils veulent à a fois la terre et la paix et c’est impossible. C’est soit la terre soit la paix. Ils doivent sortir des territoires palestiniens ».
Pour l’heure, le président de l’Autorité palestinienne a décidé de porter l’affaire devant la Cour Pénale internationale et son ministre des affaires étrangères Riyad Al Maliki a demandé à la communauté internationale à ce que l’on inscrive les habitants des implantations sur des listes noires et à restreindre leurs voyages en dehors d’Israël.