Vendredi 22 mai 2015, le jeune Lamjed Chakroune est admis à l’hôpital de la Timone à Marseille dans un état jugé critique. Lamjed vient d’être poignardé pour avoir mis un terme à l’agression d’une jeune femme.
Aider son prochain au péril de sa propre vie
C’est en fin d’après-midi que le jeune homme de 26 ans, de nationalité tunisienne et entrepreneur dans le bâtiment, se rend à l’arrêt de bus du boulevard Michelet à Marseille. Une jeune femme attend aussi le bus à ce même arrêt.
Deux individus sont arrivés avec la ferme intention d’agresser la jeune femme. Ils l’acculent dans un coin de l’arrêt de bus en la menaçant. Les deux agresseurs demandent des cigarettes et des produits stupéfiants à la jeune femme, qui indique ne pas avoir de produits de ce type sur elle.
Le refus entraîne une nouvelle hausse de violence, la jeune femme est giflée par l’un des auteurs pendant que le second sort un couteau avec le souhait d’entailler le visage de la fille.
C’est à ce moment précis que Lamjed Chakroune décide d’intervenir. Tout d’abord verbalement.
« Là, je suis intervenu, je leur ai dit d’arrêter, qu’il y avait des caméras et que les flics allaient arriver. Ils ne m’ont pas calculé et ont mis des gifles à la fille. Alors j’en ai repoussé un, je l’ai fait tomber au sol mais je ne l’ai pas frappé. » (Lamjed Chakroun)
Suite à cela, l’un des agresseurs sort une second couteau, bien plus gros. Une altercation commence, les agresseurs tentent à plusieurs reprises de poignarder Lamjed. Ils finissent par le toucher au mollet, à l’épaule, et surtout au torse. La lame passe près du cœur et touche un poumon.
« Tout ça s’est passé sous les yeux d’une vingtaine de personnes qui n’ont rien fait. On aurait cru qu’elles étaient au cinéma en train de regarder un film. […] J’ai finalement réussi à attraper le gros couteau et je suis allé m’asseoir. Des fontaines de sang sortaient de mes plaies, personne n’osait m’approcher. Seul un jeune m’a donné un t-shirt pour appuyer sur la blessure de ma jambe. Là, j’ai cru que j’allais mourir… »
Lamjed sera transporté à l’hôpital et soigné. Il s’en remettra, son Heure n’était pas encore arrivée. Lamjed sera honoré par la ville de Marseille pour son courage.
Le plus inquiétant dans cette histoire est le fait que personne n’est intervenu pour assister le jeune Lamjed qui a risqué littéralement sa vie pour empêcher une agression. Sur la vingtaine de badauds, aucun n’a voulu porter secours à cette personne. S’il est effectivement dangereux, et pas forcément aisé d’intervenir dans le cadre d’une agression – la preuve- il est tout de même inconcevable de ne pas aider son prochain en situation de détresse.
L’intervention n’est pas forcément une réaction de violence ou autres, mais appeler à l’aide, contacter les forces de l’ordre, s’interposer à plusieurs, ne pas fermer les yeux devant la violence gratuite, sont autant d’actions possibles.