Islam de France encore ? Oui ! Mais l’imam Chalgoumi n’y est pour rien. À Paris aujourd’hui a lieu le premier séminaire sur l’islam de France piloté par Alain Christnacht, conseiller d’État et membre de l’Observatoire de la laïcité et par Antoine de Romanet, codirecteur du département de recherche Société, Liberté, Paix du Collège des Bernardins.
Afin de ne pas se cloîtrer dans sa propre religion
L’initiative a été proposée par le collège des Bernardins où sont formés les diocèses de Paris. Lionel Jospin, Alain Christnacht ainsi que Bertrand Delanoë ont donc pris les choses en main.
« Dès le départ, cette institution a manifesté le souci d’établir des ponts avec le judaïsme, de ne pas s’enfermer dans les problématiques purement chrétiennes ni même judéo-chrétiennes » indique le concepteur de l’instance de dialogue entre l’Église catholique et Matignon en 2002 et ajoute n’être lui-même « pas spécialiste de l’islam ».
Introduction par « le cadre de la laïcité à la française »
Bien évidemment, quelle meilleure introduction que le principe de laïcité qui doit prendre le dessus sur la pratique religieuse en France. Ainsi pendant un an et ce durant plusieurs séminaires, les membres du séminaire de recherche travailleront autour de cette question « L’islam est en France. Sans nier son caractère mondial, comme celui des deux autres grandes religions du Livre, ne doit-il pas, en un sens, devenir un islam de France ? »
Au fil des séminaires, plusieurs spécialistes, musulmans et non musulmans seront invités à intervenir sur différents thèmes : construction de lieux de culte, pratique religieuse en entreprise, ou encore formation des imams et ce « dans une approche à la fois scientifique et bienveillante » d’après Alain Christnacht.
Mieux connaitre l’islam
« Le sentiment selon lequel l’islam, à la différence des religions chrétiennes et juive, serait moins facilement compatible avec la laïcité française, principe républicain constitutionnel, se répand ». Ce sentiment qui entraine une forme de méfiance à l’égard de l’islam amène deux objectifs au séminaire « d’abord mieux connaître cette religion, d’un point de vue social et culturel ». « Nous n’allons pas faire de théologie même si nous parlerons de croyances », afin « d’apprécier dans quelles conditions l’islam en France pourrait mieux trouver sa place, pour les musulmans et aux yeux des non musulmans, dans une République laïque et une société laïcisée, qui ne doivent pas, pour autant, méconnaître les diversités culturelles et brider la liberté de religion, composante de la laïcité, avec la liberté de conscience et la séparation » explique Alain Christnacht.
Il ajoute « Nous verrons bien à la fin. Nous nous donnons déjà pour tâche d’étudier ce qui existe, de recenser les problèmes mais aussi de détruire des mythes ».
Le souhait des membres du séminaire était aussi de « réunir des représentants des différents courants de l’islam. Ça n’est pas possible, en raison des calendriers des uns et des autres et surtout des querelles de personnes ».
Les séminaires ne seront pas ouverts au public, un colloque ouvert à tous devrait être organisé courant 2014.