Combattre la haine raciale en recensant et en faisant disparaître les inscriptions injurieuses des lieux publics à l’aide de son téléphone portable: en voilà une idée !
Une démarche simplissime
Pour ça rien de plus simple, il vous suffit de télécharger l’application proposée par la LICRA, association existant depuis 1928. Cela fait, prenez une photo du tag raciste et envoyez-la. L’application la géolocalise, le service juridique l’analyse, puis la transmet aux services municipaux pour qu’ils procèdent à son retrait. L’association promet la disparition du graffiti xénophobe en un temps record.
Mais à y regarder de plus près…
L’histoire de la LICRA est particulière, et ce n’est qu’en 1979, cinquante et un ans après sa création qu’elle prend cette appellation ; elle ne défendait initialement que les Juifs. C’est à la lumière de cette information – et de son soutien aux colons s’emparant peu à peu de la Palestine – qu’on comprend plus aisément l’absence totale de femmes voilées dans le clip de lancement, mardi 11 juin, du projet.
Dans cette vidéo, ce qui est flagrant – au-delà de la vulgarité des interventions, en deux minutes la tirelire à gros mots de maman s’est remplie – c’est que l’accent est mis sur les insultes à l’encontre des juifs et des noirs. Certes on entend une allusion aux arabes… une seule. Pas un mot sur la haine qui gangrène l’hexagone : celle des musulmans. Rien. Alors que les racistes illettrés préfèrent aujourd’hui refaire à leur façon la façade des mosquées.
Surprenant
À l’heure où les inscriptions islamophobes ont tendance à devenir chose courante en France, il est surprenant de voir une telle initiative émaner de la LICRA et non du CCIF – par exemple. Il est surprenant aussi de voir relayer et encenser le projet quand celui-ci semble presque occulter les nouveaux bouc-émissaires d’ignares insultants se targuant de défendre le pays de Molière quand ils n’en maîtrisent même pas la langue. Mais pourquoi ne pas jouer le jeu, et dénoncer chaque insulte islamophobe via cette application ? Le plus surprenant pour certains sera peut-être de devoir admettre qu’ils ne sont pas les plus détestés.