Depuis presque un an maintenant, un mouvement de grève de la faim de masse a été entamé par les prisonniers palestiniens qui croupissent dans les geôles israéliennes. Un combat contre la mort mais surtout un combat pour la liberté…
Mourir pour vivre libres
La plupart de ces prisonniers se mettent ainsi en danger afin de réclamer le respect de leurs droits les plus élémentaires, pour la majorité d’entre eux ils sont incarcérés sous le régime de la détention administrative, détention illégale au regard de toutes les lois internationales, ce régime de détention vous conduit en prison sans charges ni jugement pour des périodes de 6 mois renouvelables et pouvant aller jusqu’ à 6 ans ! Pour d’autres originaires de Gaza, la sanction est double car en plus d’être incarcérés ils ne peuvent recevoir les visites de leurs proches.
Samer El-Issawi est en passe d’atteindre un triste record, il en est à son 209 ème jour de grève de la faim ! Qui pourrait imaginer ne pas manger pendant plus de 6 mois ? Qui pourrait survivre à cela, à tant de privations et de souffrances ? Samer lui y arrive, malgré ses forces qui le quittent et son corps affaibli, il y arrive grâce à sa Foi, et parce qu’il sait que son combat est juste, le combat pour le droit, pour la dignité et pour la liberté.
D’autres ont remporté ce combat, et d’autres résistent encore
Avant lui d’autres prisonniers palestiniens ont mené le même combat, mais il ne fut pas aussi long, comme Khader Adnan, Hana Shalabi, Mahmoud al Sarsak et tant d’autres dont nous vous avons déjà relaté les histoires, et aujourd’hui encore, en plus de Samer El Issawi, d’autres prisonniers sont aussi en grève de la faim et prêts à mourir pour vivre libres.
Il y a une dizaine de jours d’ailleurs, un prisonnier a remporté son combat, Akhram Rikhawi, un prisonnier originaire de la bande de Gaza a été libéré par les israéliens, il avait mené une grève de la faim de 104 jours, stoppée après un accord signé par les israéliens pour le remettre en liberté, mais l’administration pénitentiaire israélienne n’avait pas respecté cet accord qui devait lui rendre la liberté le 25 janvier dernier. Il avait dès lors repris une grève de la faim, qui les avait conduits à finalement le libérer le 7 février dernier.
Akhram est devenu ce jour là le 7 ème prisonnier libéré par les israéliens après une grève de la faim.
Lettre de Samer El Issawi
Hier a été publiée une lettre de Samer, lettre très émouvante qui montre bien sa détermination et sa force, sa force et sa Foi nous montrent bien qu’avec l’aide d’Allah Subhanahu wa ta’la, un homme seul peut repousser les limites de l’impensable.
[pullquote]N’ayez pas peur que mon coeur s’arrête de battre, n’ayez pas peur que mes mains soient paralysées. Je suis toujours vivant, maintenant et demain et après la mort, parce que Jérusalem coule dans mon sang, dans ma dévotion et dans ma foi.[/pullquote]
16.02.13 – Je me tourne avec admiration vers les masses de notre peuple palestinien héroïque, vers notre direction palestinienne, vers toutes nos forces, partis et institutions nationales. Je salue leur soutien à notre combat pour la défense de notre droit à la liberté et à la dignité.
Je tire ma force de mon peuple, de tous les peuples libres du monde, des amis et des familles des prisonniers qui continuent jour et nuit à chanter pour la liberté et la fin de l’occupation.
Ma santé s’est spectaculairement détériorée et je suis suspendu entre la vie et la mort. Mon corps faible s’effondre mais il est encore capable d’être patient et de continuer la confrontation. Mon message est que je continuerai jusqu’à la fin, jusqu’à la dernière goutte d’eau dans mon corps, jusqu’au martyre. Pour moi, le martyre est un honneur dans cette bataille. Mon martyre est la bombe qu’il me reste dans la confrontation avec les tyrans et les geôliers, face à la politique raciste de l’occupation qui humilie notre peuple et exerce contre nous tous les moyens de l’oppression et de la répression.
Je dis à mon peuple : je suis plus fort que l’armée d’occupation et ses lois racistes. Moi, Samer al-Issawi, fils de Jérusalem, vous envoie ma dernière volonté, qui est que si je tombe en martyre, vous portiez mon âme comme un cri pour tous les prisonniers, hommes et femmes, un cri pour la liberté, l’émancipation et la délivrance du cauchemar des prisons et de leur terrible obscurité.
Je ne me bats pas que pour la liberté individuelle. La bataille que moi et mes compagnons héroïques Tariq, Ayman et Ja’affar avons lancée est la bataille de chacun, la bataille du peuple palestinien contre l’occupation et ses prisons. Notre objectif est d’être libres et souverains dans notre Etat libéré et dans notre sainte Jérusalem.
Les battements faibles et fatigués de mon coeur tirent leur ténacité de vous, le grand peuple. Mes yeux, qui ont commencé à perdre la vue, tirent la lumière de votre solidarité et de votre soutien. Ma voix faible prend sa force de votre voix, qui est plus forte que celle des gardiens et plus haute que les murs.
Je suis un de vos fils, parmi les milliers de vos fils qui sont prisonniers, languissant dans les prisons mais toujours tenaces, attendant que prennent fin leurs épreuves, leurs douleurs et la souffrance de leurs familles.
Les médecins m’ont dit que les battements désordonnés de mon coeur, le déficit en sucre et la baisse de tension m’exposent à une attaque. Mon corps est glacé et la douleur continue m’empêche de dormir. Mais malgré la fatigue extrême et les migraines chroniques, je bouge sur ma chaise et j’essaie de rassembler toutes mes ressources pour continuer la route jusqu’au bout. Il n’y a pas de retour en arrière, seulement ma victoire, parce que j’ai le droit avec moi et que ma détention est invalide et illégale.
Palestine, 16/02/2013
Chaque semaine à Gaza, et en Palestine occupée, et ailleurs dans le monde des rassemblements et manifestations sont organisées en soutien à tous ces prisonniers et à leurs familles.
N’oublions pas les prisonniers palestiniens et mobilisons-nous !
