A Gaza et en Cisjordanie, les deux parties du Territoire Palestinien Occupé, les conditions de vie n’ont cessé de se dégrader depuis l’instauration d’un blocus sur la circulation des biens et des personnes. Le Secours Islamique France (SIF) a établi deux missions, à Gaza en 2008 et en Cisjordanie en 2010. Les projets mis en œuvre s’attachent à donner aux plus vulnérables des moyens d’existence qui les rendent résilients et autonomes.
Adel Kaddum, Chef de mission du SIF à Gaza répond aux questions sur la situation dans la Bande de Gaza.
Entretien (18.10.18)
Un blocus sur la circulation des biens et des personnes a été instauré en 2007. Quel est son impact sur la vie courante ?
Depuis onze ans que dure ce blocus, les conditions de vie se sont considérablement détériorées. Sur tous les plans. La situation alimentaire, la santé, l’éducation, le logement, la vie sociale… L’électricité n’est plus disponible que quatre heures par jour. L’eau est impropre à la consommation et dangereuse pour la santé car des millions de mètres cubes sont déversés sans traitement dans la mer et contaminent les nappes phréatiques.
Les carburants manquent. Il n’y a plus ni importation ni exportation. Les pénuries touchent par exemple le gaz pour la cuisine, les matériaux de construction, les médicaments.
Quasiment plus personne ne peut sortir de Gaza pour travailler. 54% de la population (65% dans les villages) est sans emploi. Il est devenu très difficile de subvenir aux besoins basiques, aux frais scolaires, etc. De fait, 85% de la population de Gaza est tributaire de l’aide humanitaire.
La crise palestinienne est une crise de longue durée. Comment le Secours Islamique France répond-il à des besoins de long terme ?
Répondre à ces difficultés et ces pénuries est un immense défi. Il faut donner une double réponse. D’une part, pallier ponctuellement aux besoins pressants : nous continuons de distribuer des colis alimentaires et des habits ; d’autre part, soutenir la résilience de la population sur le long terme. C’est pourquoi nous appuyons des projets d’activités économiques, de développement agricole et de réhabilitation d’infrastructures et de logements. Nous réparons par exemple des canalisations et installons des systèmes de récupération des eaux grises utilisables pour certaines activités. Et puis nous apportons un soutien psychosocial à des enfants particulièrement vulnérables.
Le bien-être de l’enfant est un axe majeur de l’engagement du SIF dans le Territoire Palestinien Occupé. Pourquoi ?
La moitié des habitants de Gaza sont des enfants. Ils sont les plus affectés par la violence, la précarité, les pénuries. Nous nous efforçons d’améliorer leurs conditions de vie. Pour cela, nous nous engageons sur plusieurs fronts : en réhabilitant leurs logements, avec des bourses pour les orphelins ou bien en aidant leurs mères à développer des activités qui sont sources de revenus, et aussi en offrant un soutien psychologique aux enfants qui en ont besoin.
Le SIF a initié une coopération avec la faculté d’agronomie d’Al Azhar. Dans quel but ?
Il s’agit d’un projet de long terme qui implique les futurs diplômés en agronomie et améliore les moyens d’existence de petits producteurs. Les agronomes développent une culture innovante de légumes à haute valeur nutritive et peu consommatrice en eau, comme la betterave, le brocoli et le céleri. Les petits éleveurs, que nous avons équipés de trayeuses et formés, ont accru leur production laitière et appris à faire du fromage.
Quelles sont les perspectives pour la population de Gaza?
La population vit des temps extrêmement difficiles. Amputée de son budget, l’UNRWA, la principale agence de l’ONU à apporter une aide aux Palestiniens, va cesser de soutenir des écoles, des centres de santé et de nombreux services sociaux.
Les jeunes sont privés de futur. Pourquoi aller à l’école et à l’université, ce qui exige un sacrifice économique de la part des familles, pour se retrouver sans travail ? On risque d’avoir toute une génération privée d’éducation.
Plus que jamais, alors que le principal bailleur institutionnel est affaibli, il nous faut nous mobiliser pour soutenir les Palestiniens !
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