Dans un contexte où la beauté physique et la popularité ont une importance grandissante, je vous invite à lire le récit de ce noble compagnon, du nom de Julaybîb.
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Julaybîb était un homme au physique ingrat. Il est rapporté qu’il était de très petite taille et d’une apparence difforme. Par ailleurs, sa lignée était inconnue et aucune tribu n’était prête à l’accueillir. Cela, dans une société qui était régie par les liens familiaux et tribaux. Julaybîb été donc rejeté et se faisait ridiculiser par l’ensemble des habitants de Médine et même les enfants l’embêtaient et le raillaient. Par conséquent, il était devenu un homme solitaire et très réservé.
Lorsque le prophète (bénédiction d’Allah et salut soient sur lui) arriva à Médine, la vie de ce compagnon en fut bouleversé. Julaybîb aimait s’asseoir en compagnie du prophète (bénédiction d’Allah et salut soient sur lui) et il l’écoutait parler avec beaucoup d’intérêt. Il s’attacha fortement à cet homme en qui il trouva un premier ami et auquel il devint très fidèle. De plus, grâce au prophète (bénédiction d’Allah et salut soient sur lui), il n’était plus seul car il appartenait désormais à la communauté des musulmans.
Un jour, alors que Julaybîb se trouvait en compagnie du prophète (bénédiction d’Allah et salut soient sur lui), ce dernier lui demanda s’il y avait quelque chose qu’il désirait. Julaybib répondit timidement : « Ô Messager d’Allâh, Allâh m’a béni par ta compagnie, je m’assieds devant tes pieds bénis et j’écoute tes paroles bénies, que pourrais-je bien désirer de plus ? » Le prophète lui demanda alors s’il souhaitait se marier. Ce à quoi Julaybîb répondit par l’affirmatif tout en opposant le fait que personne ne voudrait de lui.
Le prophète se rendit alors chez le plus noble parmi les Ansar pour lui demander la main de sa fille, qui était soit dit en passant, très jolie et très pieuse. L’homme se réjouit en pensant que le prophète (bénédiction d’Allah et salut soient sur lui) voulait épouser sa fille. Mais lorsque le prophète (bénédiction d’Allah et salut soient sur lui) rectifia et indiqua que c’était en fait pour Julaybîb, l’homme alla consulter sa femme. Cette dernière se mit à pleurer et gémir « Non, pas Julaybîb, n’importe qui d’autre, mais pas Julaybîb, je ne permettrai jamais cela. »
En entendant cela, la jeune fille vint s’informer de ce qu’il se passait et après avoir été mise au courant de l’affaire, elle dit : « Ô ma mère, craint Allâh, pense à ce que tu viens de dire, tu te détournes du Prophète d’Allâh. Ô ma mère, il ne convient pas à un croyant de prendre sa propre décision une fois qu’Allâh et Son Messager ont décidé d’une affaire. Penses-tu que le Prophète d’Allâh nous apporte une disgrâce ? Que Julaybîb est béni, à tel point qu’Allâh et Son Messager demandent la main de ta fille en son nom. Ne sais-tu pas que les anges eux-mêmes envient la poussière présente sur les pieds de celui qui est un bien-aimé d’Allâh et de Son Prophète ? Demande au Prophète de m’envoyer Julaybîb car il n’y a pas de plus grand privilège que d’être béni par un tel mari. Le Prophète d’Allâh est venu à nous avec un tel cadeau merveilleux, alors pourquoi pleures-tu et te lamentes-tu ? »
La mère eu alors des remords et déclara «Ne dis plus rien ma fille, je me suis trompée et je me repens 1000 fois pour cela. Il n’y a personne que je préfère pour toi que Julaybîb. »
Le lendemain le mariage eu lieu et peu de temps après une expédition s’organisa. Le jour de l’expédition le beau-père de Julaybîb demanda à son beau fils de rester auprès de sa fille car ils étaient jeunes mariés et que cette expédition n’était pas obligatoire. Mais Julaybîb qui avait pourtant vécu dans le désespoir de se marier, ne put se résoudre à rester auprès de son épouse alors que son Prophète bien aimé se trouverait sur le champ de bataille. Il se rendit donc à cette bataille où il tomba martyr… Lorsque son corps fut retrouvé, le prophète (bénédiction d’Allah et salut soient sur lui) demanda qu’une tombe soit creusée. Il se tint devant la dépouille et dit «il en a tué sept, puis il a été tué. Cet homme fait partie de moi et moi de lui. » Il le prit alors dans ses bras, à lui seul. Puis, Julaybîb fut enterré, sous l’admiration de tous.
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Voilà l’histoire de Julaybîb, qui après avoir été moqué, rejeté, mal aimé, a connu la meilleure des compagnies auprès du prophète (bénédiction d’Allah et salut soient sur lui) ainsi que son amour, qui vaut celui de tous les hommes réunis. Ceci est un rappel pour ceux qui s’attachent uniquement aux apparences, et un message d’espoir pour ceux qui se sentent seuls et rejetés.