En Syrie, le désarroi pleut. Les familles encore sur place, se réfugiant dans les champs de ruine, semblent coupées du monde. Une équipe du SIF nous raconte sa rencontre avec l’une d’elle.
Les enfants, premières victimes des conflits
Chaque jour, le nombre de victimes, de réfugiés et déplacés ne cesse de croître en Syrie. Parmi ces civils, les enfants apparaissent comme les premières personnes touchées par le conflit. Nos équipes sur le terrain sont témoins d’une vulnérabilité qui transcende tout âge. Ils rencontrent des enfants victimes d’événements qui les dépassent : certains doivent fuir les bombardements avec leurs familles, ou au contraire se terrer chez eux pour éviter d’être attaqués. D’autres n’ont connu que la guerre. C’est leur quotidien. Notre quotidien est de transformer des bâtiments en foyer pour les familles, d’installer des structures d’eau potable, de créer des espaces d’accueil et de protection pour les femmes et les enfants.
Lors d’une de nos évaluations, nous avons rencontré Lilas.
La persévérance de Lilas
La vie ne peut pas être plus cruelle pour la petite Lilas et sa famille, un groupe de 9 personnes qui partagent la même pièce, le même sort, la même malchance et une réserve très modeste de nourriture.
La première fois que nous avons rencontré Lilas, nous étions à la moitié d’un projet hivernal visant à distribuer le nécessaire pour lutter contre le froid, celui-là même qui frigorifie la petite fille.
Bouche bée, sans vêtements appropriés pour la protéger du froid, elle est venue vers nous. Sans doute, personne ne méritait plus notre aide qu’elle à ce moment-là. Immédiatement, nous avons fourni à sa famille un lot de vêtements.
Malheureusement, le froid n’était pas le seul problème de cette petite fille. Plusieurs misères affectaient les membres de sa famille. Il y a 4 ans, seulement 20 jours après que le petit dernier est né, ils ont perdu leur père, seul soutien de la famille. Il a laissé derrière lui 8 enfants, sans défense, avec leur mère qui ne savait pas comment elle pouvait travailler sinon en mendiant auprès des associations et des personnes les plus généreuses.
La situation a empiré après que l’aîné a quitté le foyer il y a 2 ans. Le fils de 16 ans est devenu responsable de ses petits frères et sœurs. Ceci-dit, bien que ce soit un jeune garçon, la charge d’être « l’homme de la famille » pèse sur ses épaules.
La mère quant à elle, après avoir été infectée par la tuberculose, s’est vue alitée et recevait un traitement médical gratuitement, même si par ailleurs elle ne pouvait même pas payer les frais de transports pour se rendre à l’hôpital. Cela a donc été au tour de Lilas et de ses frères de mendier pour pouvoir survivre.
Cependant, avoir assez d’argent pour manger est une tâche difficile en raison du nombre croissant de personnes déplacées. En cause : encore et toujours l’incessant conflit armé qui fait rage dans le pays. La famille a donc trouvé refuge dans un environnement insalubre, sans rien de ce qui lui appartenait auparavant. Elle vit là, dans une petite pièce d’un bâtiment à moitié construit, où les murs sont en décomposition, le toit troué, le système sanitaire inapproprié et où l’odeur de moisissure semble émaner de chaque recoin de ce soi-disant appartement.
Ils vivent maintenant dans une marginalisation totale, comme beaucoup d’autres Syriens, loin de l’éducation, des services de base. La famille est socialement et économiquement en détresse, ne recevant aucune aide, alors que ce sont eux qui en ont le plus besoin.
Quand nous avons aperçu les conditions dans lesquelles ils vivaient, nous avons décidé d’inclure leur « lieu de vie » dans notre projet qui est soutenu par l’UNHCR, en mettant en œuvre dans travaux de réhabilitation pour plusieurs bâtiments non finis et dans le même état. Cette famille est loin d’être la seule dans cette situation. Beaucoup d’autres familles dans plusieurs gouvernorats de la Syrie sont dans une situation alarmante.
Ces personnes comptent énormément sur l’aide humanitaire, qui devient de plus en plus insuffisante avec l’augmentation du nombre de déplacés internes en Syrie.
L’équipe du Secours Islamique France (SIF) essaye et continuera d’essayer de faire de son mieux pour faire tout ce qui peut être fait , notamment en réhabilitant les hébergements. Pourtant, de nombreux besoins sont encore insatisfaits, que ce soit dans le cas de la famille de Lilas ou dans de milliers d’autres.
Vous aussi, vous pouvez aider la Syrie :
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