En voyage dans les territoires occupés, Manuel Valls s’est éloigné des déclarations de l’ancien ministre des Affaires Etrangères, Laurent Fabius. Il a annoncé que malgré l’échec des négociations de paix la France ne reconnaîtra pas directement l’Etat palestinien, bien qu’il ait aussi dénoncé le développement des colonies dans les territoires arabes.
« Dire aujourd’hui quand nous reconnaîtrons l’Etat Palestinien, c’est acter par avance l’échec de notre initiative. »
Interrogé par le journal palestinien Al Ayyam , le Premier Ministre s’est longuement expliqué sur la stratégie française dans la région, et finalement Manuel Valls tente clairement de faire pencher la balance du côté d’Israël. Oui, car il y a quelques mois Laurent Fabius, alors encore ministre des Affaires Etrangères, s’était agacé du gel des négociations, il avait donc affirmé que Paris devait « prendre ses responsabilités en reconnaissant l’Etat palestinien » la déclaration avait jeté un sacré coup de froid entre la France et Tel-Aviv. Depuis, Jean-Marc Ayrault a remplacé Laurent Fabius, l’ancien Premier Ministre a décidé de calmer le jeu en affirmant en Egypte que la France ne reconnaîtra pas « automatiquement » un Etat palestinien. Le nouveau gouvernement semble vouloir surfer sur cette même vague et souhaite se placer comme un réel intermédiaire entre palestiniens et juifs, d’ailleurs Manuel Valls en a profité pour se présenter comme un « ami d’Israël », et comme tout bon compagnon l’ancien maire d’Evry s’est positionné du côté du gouvernement hébreux en admettant:« dire aujourd’hui quand nous reconnaîtrons l’Etat Palestinien, c’est acter par avance l’échec de notre initiative. » En bref, Manuel Valls fait oublier les paroles de Laurent Fabius et tend la main à Netanyahu en lui démontrant qu’Israël décidera aussi de cette reconnaissance.
« L’arrêt de la colonisation est un impératif »
Malgré le pas en avant de Manuel Valls vers les colons juifs, la France veut être perçue comme une médiatrice dans ce conflit, c’est aussi pour cette raison que le Premier Ministre a joué la carte de la compréhension avec le camp arabe, il a en effet affirmé: « plus le temps passe, plus la viabilité d’un Etat palestinien s’estompe sous l’effet d’une colonisation qui se développe. » Par ces mots, Manuel Valls admet cerner le problème actuel du conflit, celui de la colonisation, mais cela ne l’a pas empêché de rétro-pédaler sur l’annonce de Laurent Fabius, le « médiateur » a tout de même déclaré: « l’arrêt de la colonisation est un impératif. Car on ne peut pas vouloir à la fois discuter de la paix, être sincère dans la négociation et continuer dans le même temps à pratiquer le fait accompli sur le terrain. » En réalité Manuel Valls ne comprend pas les palestiniens, ces paroles parfumées de compassion sont destinées à attendrir les opprimés et à mieux faire avaler la pilule du report de la reconnaissance en tant qu’Etat, globalement c’est une volte-face déguisée en main tendue vers l’ennemi.
Longtemps considérée comme partiale, la France veut redistribuer les cartes en soufflant le chaud et le froid à tort et à travers, elle veut être vue comme l’arbitre fiable d’un conflit, qui pourtant s’avère être, l’une des plus grandes injustices du 20 et 21ème siècles.