Après une très longue bataille juridique, c’est une victoire en demi-teinte pour l’organisme ACLU (l’union américaine pour les libertés civiles). Le Département de la Défense est tenu de déclassifier 198 dossiers sur 2 000 et rendre ainsi publiques 198 clichés dévoilant les abus et tortures commis dans des centres de détentions américains.
2004 : l’année du scandale
En 2004, dans la prison d’Abu Ghraib en Irak des soldats américains s’adonnaient aux tortures en tout genre allant jusqu’aux abus sexuels. C’est alors que le scandale éclate dans la presse révélant le sort des prisonniers incarcérés dans les geôles américaines. Cette affaire avait été suivie d’une loi nommée Detainee Treatment Act pour limiter les dérives et les traitements inhumains dont l’administration de George W. Bush était accusée d’avoir encouragés.
Malgré une loi votée, les abus perpétrés par les soldats américains ne diminueront pas, et pour cause, dans l’affaire des tortures, des clichés incriminant l’administration américaine attestent que ces pratiques ont perduré jusqu’en 2009. Bien que des cas plus récents ont également été divulgués dans la presse ou par des organismes des droits de l’homme, ici, dans cette affaire seule la période de 2004 à 2009 est concernée.
Une affaire étouffée
En 2009, peu avant son élection, Obama promettait de faire toute la lumière sur les tortures divulguant ainsi les dossiers confidentiels. Arrivé au pouvoir, l’homme fera inscrire au Congrès une clause qui permettra le gèle des publications. Invoquant des raisons de sécurité, il ajoutera que la parution de ces clichés pourrait « enflammer l’opinion anti-américaine et mettre nos troupes en grand danger ».
Une bataille juridique
Le directeur de l’ACLU, Jameel Jaffer avait d’abord annoncé la décision rendue par le Juge Alvin Hellerstein. Celui-ci ordonna dans un premier temps la publication dans son intégralité des clichés, soit 2 000 images de tortures, en se référant a la loi du Freedom Of Information Act. Toutefois, ce vendredi 29 janvier, sur les 2 000, 198 photos ont été rendues publiques. Ashton Carter, Secrétaire à la Défense a fait appel pour invoquer encore une fois des raisons de sécurités :
N’importe laquelle des photographies mettrait en danger les citoyens des Etats-Unis, les membres des forces armées des Etats-Unis, ou les employés du gouvernement des Etats-Unis déployés à l’extérieur.
C’est la raison pour laquelle, il concèdera à publier 198 clichés rendant interdite à la publication le reste des photographies, sans pour autant expliquer la différence manifeste entre celles publiées et celles encore tenues confidentielles.
Suite à ce énième rebondissement, il est d’autant plus troublant, qu’après plus d’une décennie, cette affaire scandaleuse reste encore bien opaque et toujours sous l’influence des jeux politiques. Rappelons qu’il existe des musées où sont exposés les preuves des humiliations et tortures infligées contre des hommes, des peuples et des ethnies sans que pour autant la sécurité ait été invoquée pour en interdire leurs expositions. Alors pourquoi est-ce qu’au pays de l’oncle Sam, il est si difficile de rendre publique leurs horreurs ? Horreurs qu’ils n’hésitent pas à dénoncer chez leurs voisins…