La vie d’Ahmed, un Egyptien sexagénaire, a basculé mercredi 18 novembre lors de l’assaut mené par la police à Saint-Denis ; studio ravagé, une balle reçue en plein bras gauche et pour couronner le tout, il est aujourd’hui menacé d’expulsion du territoire français.
Retour sur les faits
Ahmed est arrivé en France il y a 9 ans, peintre en bâtiment et sans papiers, il vivait dans un studio d’un immeuble de Saint-Denis. La veille de l’assaut, mardi vers 21 heures, quatre individus frappent à sa porte :
« Quand j’ai ouvert, ils se sont précipités dans un autre appartement. J’ai eu l’impression qu’ils ne voulaient pas montrer leur visage. Ils portaient des chapeaux, des manteaux et ils avaient les mains dans les poches. Je les ai salués en arabe mais ils n’ont pas répondu. »
L’assaut débute dans la nuit de mardi à mercredi ; il est 4h30 quand Ahmed est pris de stupeur face au vacarme :
« J’ai cru que l’immeuble était en train de s’écrouler ! J’ai voulu sortir. Des policiers avec des lampes torches m’ont dit de rentrer dans mon logement. Ils voulaient savoir si les appartements du palier communiquaient. Moi, je me suis tout de suite dit : Je vais mourir… »
Les projectiles censés viser l’immeuble de ses voisins atteignent son studio : « Si j’avais bougé, ils m’auraient tiré dessus. Les tirs provenaient de partout… ». A la demande d’un policier, qui prévient ses collègues de ne pas lui tirer dessus, il se dirige vers sa fenêtre les bras levés mais recevra tout de même une balle au bras gauche.
En plus d’être une victime du terrorisme, Ahmed va être expulsé de France avant même d’avoir pu réclamer ses droits. Son avocat, Karim Morand-Lahouazi, réagit sévèrement :
«Je vais introduire un référé-suspension contre cette mesure. Aujourd’hui, l’urgence pour mon client est de pouvoir ne serait-ce que s’habiller mais aussi se loger. J’en appelle aux associations qui pourraient lui venir en aide, ainsi qu’à la ville de Saint-Denis. »
Propos recueillis par LeParisien.fr