Le 12 octobre dernier, le monde entier fut témoin du martyr qu’a enduré Ahmed, 13 ans à peine, accusé d’avoir tenté de poignarder un israélien. Ramallah News, rapporte une version bien différente, et pour cause, l’avocat d’Ahmed s’est exprimé pour rapporter le témoignage de ce tout jeune garçon.
Mort aux arabes
Ahmed, alors gravement blessé, gisant à même le sol, et son cousin présent au moment des faits ont été arrêtés par la police israélienne à Jérusalem, ce fameux 12 octobre dans l’après midi. Après un séjour à l’hôpital, Ahmed, lui sera transféré dans la prison de Hasharon. C’est dans cette geôle qu’il confiera à son avocat la vérité et les souffrances infligées dont il a été victime. Ce qui lui est conté est bien loin de ce que les médias et les autorités israéliennes ont cherché à faire croire. Il nous révèle qu’Ahmed a cherché à fuir un véhicule qui fonçait vers lui à toute allure. Pour échapper à cette traque d’un nouveau genre, il a couru vers les voies ferrées d’une ligne de tramway. La scène est d’une telle violence qu’Ahmed ne comprend pas tout de suite ce qui est en train de lui arriver. Autour de lui, plusieurs israéliens « armés de grands bâtons » se ruent pour l’assaillir de grands coups à la tête. Tombé sur le sol, la tête en sang, il sent encore son visage et tout son corps être martelés par des pieds et des mains qu’il ne discerne pas. Baignant dans son sang et peu avant de perdre conscience, il entend, en plus d’insultes obscènes, des menaces de morts :
Tuez le ! tuez le ! Mort aux arabes !
Un supplice en continu
A son réveil, dans un hôpital israélien, il est enchainé à son lit et ce qu’il va y subir démontre le silence complice du corps médical. La police présente dirige autant d’insultes à son égard que de coups lui causant beaucoup de douleurs.
Un policier en civil est entré dans ma chambre d’hôpital en m’adressant les insultes les plus ignominieuses, en me souhaitant la mort.
Dans cet hôpital, exit de toute dignité, s’alimenter s’apparentait plus à une option qu’à un besoin vital. Etant menotté, se nourrir devenait impossible si l’on considère qu’aucune personne ne lui a proposé son aide. Les accès aux toilettes lui étaient systématiquement refusés. En conséquence, il devait se contenter d’une bouteille pour uriner. La liste est bien longue, et c’est dans « cette geôle bis » qu’Ahmed a vécu un calvaire pendant une semaine avant d’être conduit vers la prison de Ramla. Le lendemain de son transfert, malgré son état, Ahmed est pieds et mains liés sur une chaise subissant l’interrogatoire corsé d’un détective qui s’emploie plus à l’insulter et le maudire qu’à lui poser des questions.
La voix de ces enfants, qu’un Etat tortionnaire cherche par tous les moyens à faire taire, résonnent si fort dans leurs cœurs qu’elles parcourent le monde entier laissant aux témoins le choix. Le choix de s’associer « au silence » ou celui de le dénoncer.