Retour sur une affaire qui fait de plus de plus de bruits sur les réseaux sociaux et en Belgique. La mobilisation redouble d’efforts pour réclamer la libération d’un innocent. Celle d’ un Belgo-Marocain de 53 ans, Ali ARRAS emprisonné à Salé II depuis plusieurs années et qui subit régulièrement des sévices en prison. Il a entamé une grève de la faim le 25 août dernier pour protester contre son incarcération, tôt mardi matin il a été transporté d’urgence à l’hôpital, son état de santé devenant préoccupant.
Manifestation pour Ali
Ils étaient une centaine à s’être rassemblés mercredi devant l’ambassade du Maroc à Bruxelles pour soutenir la famille et demander des nouvelles de l’état de santé du prisonnier « politique » Ali ARRAS, qui a été transporté en soins intensifs à l’hôpital de Rabat. En vain ! Les autorités marocaines assurent qu’il est « bien soigné ».
Ali Arras avait entamé sa sixième grève de la faim en sept années d’incarcération. Il demande la fin des violences physiques, psychologiques infligées, et le droit à la visite consulaire.
« Je sais seulement qu’il est vivant », a déclaré sa soeur Farida.
Il est innocent. Si ce n’était pas le cas, je ne me mettrais pas dans un état pareil. On n’est pas de ce genre-là. On est des gens de principe et on sait que quand quelqu’un commet une erreur il faut qu’ils payent pour. »
Elle rappelle que son frère a été reconnu innocent, le juge espagnol, Balthazar Garzon, avait en effet prononcé un non-lieu en 2009 après un d’enquête. Alors qu’il se trouvait à Melilla, il a été extradé (en 2010) vers le Maroc, qui l’a condamné, en 2012, à 12 ans de prisons pour « utilisation illégale d’armes » et « appartenance à un groupe ayant l’intention de commettre des actes terroristes ». Il assure que sa condamnation repose sur des aveux obtenus sous la torture. Il réclame depuis trois ans que la Cour de Cassation examine son dossier.
Ali ARRAS, lâché par les instances belges
Nous avons interpellé toutes les autorités possibles et imaginables mais rien de concret n’a été entrepris, y compris par les autorités belges », regrette l’avocat.»
La condamnation en appel de Ali Arras s’est faite sur les déclarations d’un autre Belgo-Marocain, Abdelkkader Belliraj, qui faisait d’ARRAS un membre de son réseau alors que lui-même était condamné à perpétuité. Ali Aarrass nie formellement les accusations portées par Belliraj, également obtenues, semble-t-il, sous la torture.
Arras avait poursuivi la Belgique en référé devant les tribunaux bruxellois. Le ministère des Affaires étrangères lui refusait toute assistance consulaire au motif qu’il était binational et qu’une convention belgo-marocaine régissait la question.
L’avocat, Maitre Christophe Marchand de rappeler que Monsieur Arras est » belge et a fait son service militaire ». En première instance qu’en appel, les tribunaux avaient condamné la Belgique en 2014 à lui prodiguer cette assistance consulaire, mais les Affaires étrangères ont porté l’affaire en cassation, où les débats n’ont pas encore eu lieu. En attendant, le ministère, menacé d’astreintes par le jugement d’appel, a demandé à Rabat d’autoriser le consul belge à rendre visite à Ali Aarrass, mais les Marocains font pour l’heure, la sourde oreille devant des droits fondamentaux.
« Un rapport des Nations-Unies confirme qu’il a été torturé »
Rappelle Alexis Deswaef, représentant de La Ligue des Droits de l’Homme (LDH).L’attitude de la Belgique suscite des interrogations alors que trois organisations internationales ont admis qu’Ali ARRAS avait été torturé en prison. En début de mois, le MRAX, La ligue des droits de l’Homme et Amnesty International ont lancé un nouvel appel pour demander la libération du citoyen belgo-marocain. Le MRAX souhaite que le gouvernement belge fasse pression auprès des instances marocaines pour au moins obtenir le droit de visite consulaire. Les humiliations et tortures ont été diffusés sur internet, les Nations Unies demandent sa libération immédiate en attendant la tenue d’un procès équitable.
Alexis Deswaef dénonce une discrimination des citoyens belges d’origine marocaine. « Le gouvernement se cache derrière le fait qu’il a la double nationalité ». « La nationalité prépondérante doit être prise en compte et c’est la nationalité belge. Il n’a jamais vécu au Maroc. Il faut savoir que toutes les personnes d’origine marocaine conservent leur nationalité marocaine, même si elles ne sont pas nées dans le pays. » Monsieur Arras est né en Espagne et est arrivé à l’âge de 15 ans en Belgique. Au Maroc, les associations de défense des droits de l’Homme continue également de demander sa libération, devant l’évidence que le prisonnier n’a aucune implication dans ce qui lui est reproché.
Le Maroc, interpellé par l’ONU, ne peut continuer à rejeter hermétiquement les diverses requêtes devant ce que le Groupe de travail des Nations Unies considère comme une détention arbitraire.
La famille continue son combat, sa sœur, Farida Arras, a annoncé mardi qu’elle entamait aussi une grève de la faim en soutien à son frère.