Aujourd’hui, mercredi 30 septembre avait lieu la première comparution d’ Ahmed Al Faqi Al Mahdi , un des anciens chefs d’Ansar Dine. Il est soupçonné d’avoir dirigé la destruction de plusieurs mausolées à Tombouctou en 2012. Une première pour la Cour pénale internationale.
« Un crime extrêmement grave »
Les destructions « de monuments historiques irremplaçables » sont des crimes de guerre « extrêmement graves » a estimé Fatou Bensouda, procureure générale de la cour pénale internationale (CPI).
La Touareg malien, Ahmed Al faqi Al Mahdi, a été transféré samedi dernier à la Cour pénale internationale par les autorités nigériennes, auprès de qui il était emprisonné pour trafic d’armes. La première audience de ce mercredi matin avait pour objectif de faire connaitre à l’inculpé les griefs invoqués à son encontre à savoir de répondre de son implication directe dans la destruction de mausolées à Tombouctou au Mali. Il lui est en effet reproché d’avoir : « dirigé intentionnellement des attaques contre dix bâtiments (neuf mausolées et une des trois plus importantes mosquées de Tombouctou, Sidi Yahya) consacrés à la religion et des monuments historiques dans la vieille ville de Tombouctou » .
« Il s’agit d’une attaque impitoyable contre la dignité et l’identité de populations entières, contre leurs racines religieuses et historiques » a ajouté la procureure.
En tant que chef présumé de la brigade des mœurs dénommée « Hesbah », Ahmed Al Faqi Al Mahdi participait en plus à faire appliquer les décisions du Tribunal islamique du Nord, selon l’accusation. Cette brigade justifiait la destruction de monuments de la cité dédiés aux « 330 saints » au motif qu’ils entretenaient l’idôlatrie de la population.
La reconstruction des quatorze mausolées, déjà classés en « péril »avant leur destruction en 2012, vient de s’achever sous l’égide de l’Unesco, des travaux financés à 450 000 euros auxquels l’Union européenne a, entre autres, contribué.
Un dossier inédit pour la CPI : l’atteinte aux édifices religieux
Il s’agit des premières poursuites de la CPI pour destruction d’édifices religieux et monuments historiques, depuis son entrée en fonction en 2003. C’est une procédure entamée par l’Unesco qui avait saisi 18 juillet la CPI sur le sujet.
La Cour pénale internationale est une cour internationale permanente qui a été créée en vue d’ouvrir des enquêtes, de poursuivre et de juger des personnes accusées d’avoir commis des crimes de génocide, crimes contre l’humanité, crimes de guerre et crimes d’agression.
C’est un procés inédit donc, étonnant même alors que de véritables criminels de guerre, soupçonnés de massacre de personnes, pullulent sur la surface de la Terre.
Ahmad Al Faqi Al Mahdi est le premier suspect arrêté dans l’enquête ouverte début 2013 sur le Mali et portant sur les exactions commises par les groupes jihadistes liés à Al Qaïda. Il était l’un des chefs du groupe d’Ansar Dine lié à l’Aqmi, d’après l’accusation.
Face au juge, le prévenu s’est identifié comme suit : « Mon nom est Ahmad Al Faqi Al Mahdi, je suis de la tribu Touareg Al Ansar, je suis né il y a environ 40 ans ». « J’étais un fonctionnaire dans l’éducation dans le gouvernement malien en 2011 ».
Le juge Cuno Tarfusser a ensuite demandé au greffe de lire les crimes de guerre retenus contre le suspect, avant de lui lire ses droits : « Vous êtes présumé innocent jusqu’à preuve du contraire ». Il a fixé au 18 janvier le début de l’audience de confirmation des charges, étape de la procédure durant laquelle la procureure doit convaincre les juges que son dossier est assez solide pour mener à un procès.
Si la Cour pénale internationale se lance dans le jugement de tel dossier, il reste à savoir si d’autres cas similaires suivront pour rendre justice aux « atteintes faites aux édifices religieux »…