La visite du Président de la République et de sa délégation au Maroc comportait plusieurs objectifs dont celui de la formation des imams. Samedi dernier, une convention franco-marocaine a établi une coopération entre les deux Etats pour promouvoir un « islam du juste milieu » conforme « aux valeurs d’ouverture et de tolérance » mais aussi « pleinement ancrée dans les valeurs de la République et de la laïcité ». Une coopération qui marque la fin du CFCM ?
La droite, on avait opté pour le CFCM, à gauche on préfère déléguer
Le Conseil Français du Culte Musulman avait vocation à représenter les musulmans de France. Sous l’égide du ministre de l’Intérieur de l’époque de sa création en 2003, le sulfureux Nicolas Sarkosy, le CFCM avait pour fonctions de gérer les relations avec le pouvoir politique, d’intervenir dans la construction des mosquées, la formation des imams, de développer le marché du halal, de permettre une représentation musulmanes dans les hôpitaux et les prisons françaises (aumôniers) ou encore la construction de carrés musulmans. Des fonctions qui englobaient donc les divers domaines qui touchent directement la vie des musulmans français, quelques soient leur origine. Ce que vient supplanté l’actuelle coopération.
Grâce à cette coopération entre la France et le Maroc, l’UMF espère pouvoir répondre aux besoins immédiats en matière de formation d’imams et d’aumôniers et préparer par la même occasion les futurs enseignants des structures de formation à créer sur le territoire français », a souligné Mohammed Moussaoui, qui préside l’UMF, dans un communiqué.
Promouvoir à un islam du juste milieu
Tel est le leitmotiv de cette coopération franco-marocaine. « L’UMF engagée dans la lutte contre toutes les formes de radicalisation, est convaincue que la formation d’imams disposant des connaissances nécessaires pour promouvoir l’islam de juste milieu doit être au cœur de tout dispositif de prévention et de lutte contre les dérives extrémistes » a précisé Mohammed Moussaoui.
Une promotion d’une vingtaine d’étudiants a d’ors-et-déjà intégré l’Institut de formation à Rabat inauguré en mars dernier, et trente autres devraient les rejoindre courant septembre. La durée de formation de trois ans sera financée par le royaume marocain. A leur retour en France, les étudiants compléteront leur formation à l’université autour des thématiques du droit du culte et de la sociologie des religions.
La décision commune de François Hollande et du roi Mohamed VI d’unir leurs efforts pour la formation des imams à l’Institut Mohamed VI, est pour le moins déconcertante. La signature de cette convention vient, en effet, bousculer les discours redondants sur l’impérieuse nécessité d’avoir des cadres religieux aux faits de l’environnement et des problématiques particulières des musulmans de France. Tout comme elle remet en question le refus de l’ingérence étrangère dans l’organisation du culte en France.