Depuis dimanche, les tensions entre Palestiniens, défenseurs de la mosquée sacrée d’Al Aqsa, et les forces de police appuyées par le gouvernement israélien ne cessent de s’amplifier. Tout est parti d’une décision du ministre de la Justice israélienne de vouloir déloger les « mourabitounes » qui occupent la mosquée sacrée par des veillés de Coran et des cercles d’études. Une décision qui transgresse le statut quo de 1967 et qui menace d’interdire les musulmans de rester sur le site sacré lors de la visite réservée aux Juifs (de 7h à 11h). Inacceptable pour les « mourabitounes » . Leur crainte : que les juifs extrémistes s’y implantent et rasent la mosquée sainte d’ Al aqsa.
La ligne rouge a été franchie
Les déclarations du gouvernement israélien de ne pas vouloir enfreindre le statut quo en vigueur depuis 1967 sont à l’opposé des agissements de ce dernier. Le cynisme avec lequel il rend responsable les manifestants palestiniens de la violence actuelle est consternante.
En effet, Israël a décidé le 8 septembre d’interdire le mouvement des « mourabitounes ». Dimanche matin, ils ont blessé et arrêté le directeur d’Al aqsa, Omar Qaswani, ont tenté de déloger les occupants de la mosquée, ont expulsé la garde jordanienne et ont bouclé le secteur pour mener une attaque contre les « lanceurs de pierre ». L’éternel prétexte d’attaque préventive prôné par Israël n’a pas eu l’effet escompté.
L’ONU et les Etats-Unis ont appelé à la retenue et au respect du statu quo. Le roi Abdallah de Jordanie –gardienne de l’esplanade des Mosquées-a accusé Israël de provocation et avertit : « si cela se produit encore (…), la Jordanie n’aura d’autre choix que d’agir », sans autre précisions. Le Roi Salman d’Arabie Saoudite a interpellé Barack Obama pour faire cesser les « attaques israéliennes » devant ce qu’il considère comme « une infraction contre les lieux saints musulmans ».
Nous sommes tous des mourabitounes
Vendredi après la prière, 4000 personnes ont manifesté à Aman en Jordanie sous les slogans « Alqsa est en danger »; « Nous sommes prêts à tous sacrifier » ou encore « le peuple veut libérer la Palestine ». Des milliers d’autres personnes ont manifesté à travers le royaume pour signifier leur solidarité avec la Mosquée sacrée et dénoncer les « violations » israéliennes de l’esplanade des Mosquées.
Idem pour les territoires palestiniens. En Cisjordanie, des manifestants se sont soulevés aujourd’hui contre les tentatives israéliennes d’imposer sa loi sur l’esplanade des Mosquées en scandant « nous sommes tous des mourabitounes ». Un appel lancé par le mouvement de résistance Hamas pour une journée de colère pour défendre le site sacré suite aux confrontations de ces derniers jours. La police israélienne a répondu en renforçant ses effectifs à Al Qods.
Malgré les appels internationaux au calme et à appliquer le statut quo en paroles mais aussi en actes, le Premier ministre israélien a décidé de déclarer la guerre aux « lanceurs de pierre et d’engins incendiaires ». Le porte-parole du ministre de la Justice israélienne, Moshé Cohen, a confirmé à l’AFP que le recours aux snipers contre les lanceurs de pierre était à l’étude par la justice israélienne, pratique pourtant interdite jusqu’à présent dans la ville sainte. Le maire de la ville, Nir Barkat, est allé jusqu’à demander la construction de barrières de séparation entre les zones arabes et les zones juives de la ville.
Quelques soient les mesures qu’ils prendront, les palestiniens et les musulmans du monde entier ne permettront, ni le partage du site sacré, ni la souveraineté israélienne sur le troisième lieu saint de l’islam.