C’est par ce slogan que l’organisation non gouvernementale Amnesty International a lancé sa campagne pour l’accueil des réfugiés syriens. Après les violentes bousculades de ce weekend, à la suite de l’ouverture de la frontière macédonienne dans la soirée de samedi, se pose inéluctablement la question de l’accueil des migrants et du secours à apporter aux plus vulnérables. Les pays riches de l’Union européenne n’ont pour l’instant pris aucune initiative alors que leur nombre croît de jour en jour. La solidarité des habitants du pays de la traversée se mêlent aux petits trafiquants en tout genre, ces opportunistes de la misère humaine n’hésitant pas à monnayer les traversées, les moyens de transports, l’hébergement, les moyens de communications etc. La Macédoine a décrété l’état d’urgence, l’Italie demande de l’aide, et l’Allemagne s’attend à 800 000 demandes d’asile.
Quelques chiffres de l’organisation Amnesty International
Depuis le début du conflit, il y a 4 ans, on estime à 11 millions le nombre de personnes qui ont dû quitter le pays -soit la moitié de la population syrienne- pour fuir la guerre, les bombardements, les détentions arbitraires, la peur. Parmi ces personnes, 4 millions se sont réfugiées au Liban, en Turquie, en Egypte, en Jordanie ou en Irak. Ces cinq Etats accueillent à eux seuls 95 % de la population réfugiée dans des conditions très dures et avec de grandes difficultés d’accès aux soins ou encore aux denrées alimentaires de base.
Le périple des migrants syriens en Europe centrale
Le cliché de Daniel Etter montrant les larmes d’un père syrien à l’arrivée en bateau sur l’Ile de Kos en Grèce a fait le tour des réseaux sociaux et des médias internationaux. Une image bouleversante qui résume à elle seule les épreuves de ces voyageurs en détresse. Alors que la Grèce accuse la Turquie de la submerger de migrants, la Macédoine en fait de même envers la Grèce. Jeudi dernier, elle avait décidé de bloquer ses frontières laissant les migrants croupir sur place et les repoussant à coups de matraques et de tirs de grenades. Quelle doit être la détresse de toutes ces personnes qui ont fui une situation désastreuse pour en retrouver une plus dramatique encore ? La Macédoine est de loin la traversée la plus périlleuse tant le banditisme y est fréquent au point que les réfugiés l’a surnomme « mafiadonia ». A pied, à vélo, en train, on estime à 50 000 le nombre de personnes ayant traversé la petite République, avec comme destination l’Union européenne. Incapable de gérer les flux, la Macédoine a finalement décidé, samedi sans la soirée, de réouvrir ses frontières avec la Grèce pour laisser les migrants continuer leur périple en direction de la Serbie.
La Serbie débordée à son tour
Alors que les gardes-côtes italiens ont coordonné le sauvetage de plus de 4400 personnes en mer Méditerrannée pour la seule journée de samedi, ce sont pas moins de 7 000 migrants qui ont passé la frontière serbe de la nuit de samedi à dimanche. Un afflux sans précédent, le cente d’accueil de Presevo est débordé et les petits trafiquants en profitent. Les ONG locales et internationales et notamment le Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations-Unies se sont investies dans la gestion de la crise pour aider les autorités. Leur mission principale est le transport gratuit des migrants syriens vers le centre d’accueil collectif où ils peuvent déposer leur demande d’asile, un document qui légalise leur séjour en Serbie pour 72 heures, le temps suffisant pour rejoindre la Hongrie et l’espace Schengen. Du moins pour les plus patients d’entre eux, certains n’hésitent pas à payer les taxis à des tarifs excessifs pour rejoindre Belgrade (500 euros) ou la frontière hongroise (800 euros). Le centre d’accueil propose également une assistance médicale, de la nourriture, de l’eau et des tentes pour se reposer tout en déployant des efforts en communication pour informer la population de l’existence de ce centre même si ses capacités d’accueil ne seront pas suffisantes.
L’Union européenne, aux abonnés absents
La question de l’accueil des réfugiés (Syriens et Érythréens notamment) n’a pas encore été éludée par les 28 Etats membres. La commission européenne, réunie en juin 2015, n’était pas parvenue à un accord. Les quotas d’accueil des réfugiés ont été débattus puis refusés pour finalement s’en tenir à une répartition sur la base du volontariat. Les oppositions venaient surtout de la Slovaquie, la Hongrie, la République tchèque ou encore la Pologne. Le président du Conseil européen Donald Tusk a précisé que les ministres de l’intérieur seront chargés de fixer les critères de répartition entre pays membres en fonction de l’économie ou de la population de chaque État. Un drame est en train de se produire sans que l’Europe ne parvienne à adopter une position commune. Le vice chancelier allemand, Sigmar Gabriel, a parlé de plus grand défi pour l’Allemagne depuis la réunification tout en déplorant le manque de réaction des Etats membres.
En France, seulement 500 personnes ont été accueillies, et même si elle a facilité la procédure de demande d’asile par une réforme de la loi publiée au JO le 29 juillet 2015 réduisant les délais de procédure qui devrait passer de deux ans à neufs mois, ce nombre est de loin insuffisant au regard des capacités du pays. Amnesty International estime à 10 000 personnes la capacité d’accueil de la France « sans que cela ne soit un poids pour le pays ».