En septembre 2014, le ministre flamand du Bien-être animal, Ben Weyts, avait fait voter une loi interdisant l’abattage d’animaux sans étourdissement préalable dans les abattoirs temporaires. Une loi qui visait explicitement la fête de l’Aïd el Adha, puisque c’est à cette occasion que sont mis en place ce type d’abattoirs. La loi, entrée en vigueur depuis le début de l’année 2015, sera donc applicable pour la prochaine fête musulmane. Mais voilà, à seulement quelques semaines de la Fête du sacrifice, aucune alternative n’a été proposée depuis à la communauté musulmane de Flandre.
Des musulmans qui dénoncent la négligence du ministre flamand
A l’approche de la fête de l’Aïd el Adha, prévue pour le 24 septembre prochain, les préparatifs s’annoncent houleux pour les musulmans de Belgique. En effet, l’interdiction flamande de l’abattage d’animaux dans des abattoirs mobiles ou temporaires, à moins de les étourdir au préalable, met les musulmans de Belgique au pied du mur. Seuls les abattoirs fixes agrées pourront continuer à pratiquer l’abattage des animaux sans étourdissement. Or, les organisations musulmanes craignent de ne pas pouvoir satisfaire toutes les demandes lors de l’Aïd El Adha. La grande majorité des musulmans, en respect des prescriptions religieuses en matière de sacrifice mais aussi pour éviter la souffrance de l’animal, refuse catégoriquement l’étourdissement des animaux. Les nombreuses familles musulmanes de Flandre pourront-elles donc honorer leur fête de manière religieuse et traditionnelle ? C’est ce dilemme qui a poussé 48 organisations musulmanes de Belgique à interpeller le ministre Ben Weyts par une plainte envoyée mercredi dernier. Cette requête a pour but de dénoncer une interdiction qui nie les réalités de sa mise en application, alors qu’aucune mesure n’a été prise pour pallier à la forte demande qu’implique la Fête du Sacrifice. Les organisations musulmanes souhaitent ainsi mettre en évidence la négligence du ministre flamand dans l’application de cette loi un an seulement après son vote. Elles appellent donc le ministre à la levée de l’interdiction d’ici le 1er septembre et dans le cas contraire à endosser « tous les dommages ». En Wallonie aussi, les abattages sans étourdissement ne pourront avoir lieu et pour Noureddine Smaili, le président de l’Exécutif des musulmans de Belgique, il est regrettable que :
(…) que des ministres ne privilégient pas le vivre ensemble en permettant aux musulmans de respecter des prescrits religieux. Il est certains que si de telles restrictions perdurent, les musulmans de Belgique importeront de la viande depuis l’étranger, et privilégieront des circuits parallèles » .
Bras de fer en perspective ?
En réponse, le ministre de Bien-être animal de Flandre a affirmé ne pas vouloir se laisser impressionner dans sa décision « menaces ou pas ». Ce qui est pris comme une menace n’est apparemment qu’une demande à prendre ses responsabilités et à aller au bout de ses engagements politiques pris lors du vote de la loi et notamment d’en discuter avec la communauté musulmane de Flandre et les abattoirs pour proposer une autre solution. Constat : rien n’a été fait et ce sont les responsables musulmans qui aujourd’hui s’inquiètent d’être dépassés par la situation. Le ministre a indiqué que « la Flandre doit prendre le bien-être animal au sérieux, d’autant plus lorsque la législation européenne en la matière est claire comme de l’eau de roche » .
Les musulmans de Belgique de rappeler au ministre qu’il peut obtenir une dérogation au règlement européen en reconnaissant l’abattage sans étourdissement comme une pratique culturelle flamande. Mais, prenons le au mot, en tant que ministre, n’a-t-il pas connaissance du nombre d’abattoirs fixes agrées, et donc respectant la législative européenne, en Flandre ? Seulement 24, et même les 57 abattoirs temporairement mis en place pour l’occasion dans la région de Flandre (4 à Bruxelles et 12 en Wallonie) sont estimés insuffisants pour satisfaire la demande des familles musulmanes selon l’AFSCA ( l’Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire). L’interdiction risque donc d’aggraver une situation déjà précaire et de favoriser l’abattage clandestin dans de très mauvaises conditions. De toute évidence, Monsieur Weyts ne veut rien entendre. Se préoccupe-t-il réellement du stress des animaux, de la légalité ou vise-t-il seulement à saboter un rite religieux en particulier ? D’autant plus que cela ne contredit en rien la directive européenne de procéder à l’étourdissement des bêtes car une dérogation existe pour l’abattage rituel juif et musulman garantissant la liberté de culte. Reste à savoir si les pouvoirs publics locaux ont une réelle volonté de permettre cela.
La région bruxelloise n’est pas concernée par cette interdiction, et les musulmans de Bruxelles pourront, comme tous les musulmans du monde entier, procéder à l’abattage dans des structures temporaires ou mobiles agréées tant que le sacrificateur aura reçu une formation. Même si ce n’est peut-être pas pour longtemps puisque la secrétaire d’Etat bruxelloise au Bien-être animal, Bianca Debaets, réfléchit déjà à une solution structurelle pour sa région dès l’an prochain. Affaire à suivre donc.
2 commentaires
Mes chers amis, je crains que vous ne soyez pas au bout de vos souffrances. Cette manière de faire est une expression d’opposition contre toute justice. Sachez que je ne suis pas musulman, ni chrétien, ni juif. Je pratique au trait et à la lettre ce que dit la Bible, et la Bible me dit de faire comme les musulmans et comme les juifs c’est à dire d’égorger sans étourdir. Pour pratiquer ce qu’est juste, c’est à dire les commandements du tout puissant, les difficultés deviennent de plus en plus grandes. Sachez ma solidarité avec vous et avec tous ceux qui aiment le tout puissant.
Soyez bénis
Friedrich Ruff
un seul mot lamentable ! régression totale et obscurantisme ? on en est là en 2016…