Les experts judiciaires nommés par les juges, René Cros et Emmanuelle Legrand, ont confirmé l’authenticité du document indiquant que le financement de la campagne présidentielle de N.Sarkozy a été réalisé avec de l’argent libyen versé par Mouammar Khadafi.
Le document de Moussa Koussa
Le document en question est un accord rédigé par Moussa Koussa (à l’époque chef des services secrets libyens), clarifiant les modalités du financement occulte accordé par la Libye à N.Sarkozy. L’accord prévoit un financement de 50 millions d’euros à transmettre à l’entourage proche de N.Sarkozy (la campagne de 2007 a coûté 20 millions d’euros à l’UMP). Moussa Koussa et N.Sarkozy ont démenti l’authenticité de l’accord en question au moment de sa divulgation par Mediapart. Aujourd’hui, la justice confirme que l’accord a bien été signé par Moussa Koussa.
Une menace de dénonciation = coupure des moyens de communication
Le 16 mars 2011 Saif Al Islam Khadafi (le fils Mouammar) déclare : « Tout d’abord, il faut que Sarkozy rende l’argent qu’il a accepté de la Libye pour financer sa campagne électorale. C’est nous qui avons financé sa campagne, et nous en avons la preuve. Nous sommes prêts à tout révéler. La première chose que l’on demande à ce clown, c’est de rendre l’argent au peuple libyen. Nous lui avons accordé une aide afin qu’il œuvre pour le peuple libyen, mais il nous a déçus. Rendez-nous notre argent. Nous avons tous les détails, les comptes bancaires, les documents, et les opérations de transfert. Nous révélerons tout prochainement. »
Le 19 mars 2011, l’opération « Harmattan » est déclenchée par la France, il s’agit d’une intervention militaire de grande envergure, les 1eres cibles sont les défenses anti-aériennes et les moyens de communication…
Silence médiatique
Lorsque les experts judiciaires ont remis leur rapport, Mediapart a sollicité l’AFP afin qu’une dépêche soit réalisée et transmise aux différents médias français. L’AFP a émis un avis négatif sur l’intérêt de cette information, et a donc décidé de ne pas réaliser de dépêche à ce sujet
« Après lecture attentive, les conclusions des quatre experts sur l’authenticité du document libyen n’étaient pas une information digne d’être reprise et de faire l’objet d’une dépêche » (réponse de l’AFP faite à Fabrice Arfi journaliste à Mediapart)
La justice doit faire son travail et terminer l’enquête afin de déterminer clairement les responsabilités, et sanctionner, le cas échéant, les personnes qui se seraient rendues coupables d’actes illégaux. L’argent a-t-il bien était versé? Cette affaire de corruption est-elle l’une des vraies raisons de l’intervention française en Libye? Les 320 millions d’euros d’argent public dépensés au cours de l’opération « Harmattan » sont-ils une autre manifestation du détournement des biens et moyens d’Etat pour servir des intérêts personnels? Voici des questions difficiles auxquelles les juges Cros et Legrand apporteront des éléments de réponse à la fin de leurs investigations.