Il y a un an, nous vous parlions du désir de Manuel Valls de former les imams de France. Depuis le mois de janvier, à la demande de l’ex-ministre intérieur, des imams venus de divers pays musulmans se rassemblent chaque semaine dans un local sommaire loué par l’institut de formation de la grande mosquée de Lyon afin de se former à un islam conforme aux attentes des prôneurs de la laïcité.
Des cours ambigus
Le programme visant à instruire les nouveaux imams de France comporte en somme l’Histoire des religions, les droits des associations sans omettre les cours sur l’Histoire de la laïcité donnés dans l’enceinte de l’Université de Lyon où la formation est bien évidemment subventionnée par l’Etat. En bonus, les formateurs ont prévu fin mai un séminaire consacré aux « dérives sectaires et à la dé-radicalisation », c’est là que leur rôle de prévention entrera en jeu : « Il y a ceux qui se radicalisent d’un coup avec 1 % de connaissance religieuse et ceux qui “se réveillent” et viennent vers nous pour se former. » Car oui, une fois le diplôme de l’imam de France en poche, ils espèrent faire basculer les comportements et aspirent à ce que les jeunes musulmans retournent à la raison comme l’affirme Azzedine Gaci, recteur de la mosquée de Villeurbanne et nouveau professeur en droit musulman :
« Pour contrer la radicalisation des esprits, des discours et des comportements, il faudrait que les imams puissent s’entourer de psychologues, de juristes, d’enseignants pour orienter ces jeunes. Il faudrait que l’on puisse assurer une présence permanente dans les mosquées. Mais les moyens manquent. »
Les jeunes convertis ne sont pas épargnés dans cette lutte contre la « radicalisation », les imams de Saint-Etienne souhaitent mettre en place une formation de plusieurs heures, étalée sur plusieurs semaines, pour les personnes qui souhaitent se reconvertir.
Des apprentis imams séduits
Ce changement radical, Toufik, imam à la mosquée d’Oullins, en témoigne : « Avant la formation, je ne comprenais pas pourquoi l’Etat interdisait certaines choses en matière de religion ; maintenant je peux l’expliquer.» Cette propagande intense, tenue par les autorités françaises désireuses de faire renaître les écoles de droit musulman semblables à celles créées par la France coloniale en 1830, vise à ce que le contrôle de culte soit exclusivement fait par l’Etat, oubliant que son ralliement aux affaires religieuses a été rompu depuis bien longtemps. Ingérence ou pas ?