La photographie tragique a ému des milliers d’internautes et s’est répandue comme une traînée de poudre sur tous les réseaux sociaux. De Facebook à Twitter, tous se sont empressés de partager le cliché de cet orphelin allongé entre les tombes supposées de ses parents que chaque légende disait défunts lors du conflit syrien.
Aucune source
Cependant, et là est tout le problème des informations tirées sans filtre des réseaux sociaux, aucune source n’avait réellement été citée. Les internautes, touchés par la souffrance du peuple syrien, se sont contentés des quelques phrases explicatives jointes à la photo – et quelle meilleure illustration que celle-ci !
Un « fake » pur et simple
Nul ne pouvait rester insensible à la vision d’un petit garçon dormant entre les dépouilles enterrées de son père et sa mère. Seulement, un journaliste, Harald Doornbos, a pris la peine de creuser un peu et de contacter Abdul Aziz al Otaibi, l’auteur du cliché tristement célèbre. Et il s’avère qu’il n’a pas été pris en Syrie, mais en Arabie Saoudite, que les parents du supposé orphelin sont vivants, qu’il s’agit simplement du neveu du photographe, et que les tombes n’en sont pas.
Repris et détourné sans accord
Sur son blog, Doornbos explique que le photographe ne s’attendait pas à ce que sa photographie – faisant partie intégrante d’un projet artistique – soit reprise de la sorte par des internautes (groupes de rappel en général) peu scrupuleux ou compréhensifs de ses intentions. L’auteur se voit donc dans l’obligation d’éclaircir sa volonté, qui n’est autre que celle d’illustrer l’amour irremplaçable des parents, même après leur mort.
Il est tout à fait faux que ma photo ait quoi que ce soit à voire avec la Syrie. Je suis réellement choqué par la façon dont les gens ont détourné cette image… Je suis vraiment ennuyé par cet incident. Il est tout à fait injuste de sortir une de mes photos de son contexte et de l’utiliser pour faire de la propagande.
Sa colère et son incompréhension sont d’autant plus grandes qu’al Otaibi a directement contacté le groupe de rappels islamiques (@americanbadu) à l’origine du premier tweet détournant le cliché et qu’il a reçu pour seule réponse :
Pourquoi ne fermez-vous simplement pas les yeux et ne prétendez-vous pas que c’est une photo de Syrie pour gagner la récompense d’Allah ? Vous exagérez.
Le compte de rappels a finalement retiré son tweet mais le mal était fait, et en quelques minutes des centaines de re-tweets avaient été postés. Il est malheureux de penser qu’aux horreurs auxquelles est confronté un peuple subissant une guerre civile il faille encore en rajouter et par là même prendre le risque de décrédibiliser le combat de beaucoup.