Crise syrienne qui perdure, perdure
Le 15 mars 2011 marque le début de la crise en Syrie comme chacun devrait le savoir mais que savons-nous réellement de ce qui s’y passe !?
Ahmed Manaï « s’est vu remettre cette mission pour être témoin et dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité ». Il a été nommé pour ce travail qui n’ a pas été facile au quotidien mais en tant que militant tunisien, expert auprès de l’ONU et auteur du livre « Supplice tunisien, le Jardin secret du général Ben Ali », il sait ce qu’est la torture d’un peuple cherchant la démocratie…
Mission d’observation avec 4 questions
Comme l’explique Ahmed Manaï dans son discours, il y a eu environ 160 à 170 observateurs, 90% sont des ambassadeurs, issus de 14 pays arabes, à majorité hauts fonctionnaires, 7 à 8 % provenant des sociétés civiles arabes dont lui-même fait partie. Ainsi, une quinzaine de groupes a été repartie par le gouvernement pour effectuer un travail journalier et des remises de rapports pour la ligue arabe à Damas. Les 4 axes scrutés sont :
1. Est-ce que les manifestations pacifiques dans les villes syriennes étaient contre-carrées ou non par la violence policière ?
2. Y-a-t-il une présence massive militaire dans les villes et villages syriens ?
3. Est-ce que les médias nationaux ont une présence en Syrie ?
4. Quel est le devenir des personnes arrêtées à partir du 15 mars 2011, début de la crise syrienne ?
Dures réalités de terrain… mais aussi diplomatiques…
Mais entre les doutes sur le chef de mission ( impliqué dans le Darfour), une campagne contre cette mission (médias arabes Al Jazeera et Al Arabia), le premier rapport se retrouve complètement délaissé. L’intervention du conseil de sécurité le lendemain avec le droit de véto de la Russie et la Chine fait tomber à l’eau la mission.
A rappeler que depuis janvier 2012, le temps ne cesse de défiler, les vies aussi, on observe une Syrie détruite… Ce que demande le peuple est la démocratie comme l’avaient demandé le Qatar et l’Arabie Saoudite : « que la Syrie vive sa démocratie ».
Ligue arabe gênée mais pourquoi ?
Ce sont les réponses pragmatiques à ces 4 questions qui peuvent expliquer ce malaise géopolitique…
1. Le rapport mentionne que les manifestations pacifiques dans les villes syriennes n’étaient pas contre-carrées par la violence policière. Ce sont les manifestants qui tiraient sur la police.
2. Il est à noter une présence massive militaire à Homs majoritairement
3. Oui il y avait des médias locaux et étrangers mais la seule chose qui posait problème pour les journalistes était la question de leur visa : n’excédait pas 7 à 10 jours or ils voulaient davantage. Donc beaucoup sont rentrés clandestinement en Syrie.
On peut rappeler le cas de notre compatriote Gilles Jacquier, grand reporteur à France 2, tué en janvier 2012 alors qu’il se trouvait en reportage à Homs. Il « serait mort tué par les rebelles, cela mêmes qui voulaient l’utiliser ». C’est le premier reporteur occidental tué dans ce pays depuis le début de la révolte contre le régime de Bachar Al-Assad dont la répression a fait plus de 5000 morts selon l’ONU. A noter que 6 Syriens ont été tués aux côtés du journaliste, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Un photographe néerlandais a également été blessé.
4. Depuis le début de la révolte en mars 2011, il a été dénombré dans ce rapport plus de 6200 prisonniers, 4000 libérés, les autres non amnistiés car avaient fait usage de violence.
Normalement en janvier 2012, la rapport fini aurait dû donner lieu à une issue diplomatique à ce conflit mais il n’en a été rien : ce fut une mission guet-apens pour la Syrie car trop de contraintes qui touchaient à la souveraineté syrienne… ainsi il n’y a jamais eu de rapport de mission publié …
Malgré qu’une copie du rapport ait été réclamée par Ahmed Manaï pour la traduire et ainsi la faire éclater au grand jour, toute la vérité n’a pas encore été dite….
A noter qu’il y a eu par la suite 2 autres missions (celle de Kofi Annan, « prix Nobel de la paix, ancien secrétaire général de la paix » mais qui n’a pas eu le courage de dire pourquoi il a tout simplement démissionné, il ne pouvait pas dire la vérité sur ces tueries, ni sur les autres pays qui incitent à la tuerie). L’autre mission, celle de Brahimi, qui selon Ahmed Manaï « va mal terminer sa vie car lui aussi n’a pas le courage de dire qui est responsable » de ce qui se passe réellement en Syrie…
Toute la vérité n’a pas encore été dite quant à ce conflit qui déchire depuis trop longtemps la Syrie … « La première victime d’une guerre, c’est la vérité ». Rudyard Kipling