Hier le dimanche 19 mai, la Tunisie a vécu une journée de violences, qui ont coûté la vie à un jeune homme.
Une organisation et un meeting interdits
Ces événements ont eu lieu alors que devait se tenir le 3ème meeting annuel de l’organisation Ansar Al-Charia (les Partisans de la Charia), mouvement considéré comme une « menace » à l’ordre public et interdit par le ministère de l’intérieur, les autorités avaient d’ailleurs déployé un dispositif policier énorme pour empêcher la tenue de ce meeting.
Ce dernier devait avoir lieu à Kairouan, ville située à 150kms de Tunis, mais au dernier moment, Ansar Al-Charia a déclaré sur sa page facebook que le rassemblement aurait lieu à Ettadhamen, dans la banlieue de Tunis, où des heurts ont éclaté avec les forces de l’ordre, affrontements qui ont mené à la mort Moez Dahmani, 27 ans. Mais le ministère de l’Intérieur a annoncé qu’également « trois manifestants et quinze policiers ont été blessés, dont trois grièvement », et a évoqué « plus de 700 (…) islamistes extrémistes » équipés « de mélanges incendiaires, de projectiles et d’armes blanches ». Le ministère, qui a évoqué un « retour relatif au calme », n’a pas donné de précisions sur la nature des blessures ni sur le nombre d’émeutiers interpellés. En début de soirée quelques affrontements avaient encore lieu dans des banlieues de Tunis, mais la police semblait reprendre le contrôle. Le porte-parole d’Ansar al-charia, Seifeddine Raïs, a été arrêté, selon son organisation et une source sécuritaire.
Ce n’est pas la 1ère fois que des affrontements ont lieu lors de rassemblements du mouvement, il y a quelques semaines, des heurts violents avaient provoqué la mort d’une femme dans un autre quartier de la capitale tunisienne, à Douar Hicheur. Et ils ne seront peut-être pas les derniers, Ansar Al-Charia ayant annoncé le report de son congrès, pour le 26 mai prochain, mais montrent la tension grandissante entre le gouvernement dominé par le parti islamiste Ennahda et les salafistes.
Un mouvement qui ne fait pas l’unanimité
Un peu plus tard dans la soirée, Abou Ayad, le chef d’Ansar Al-Charia, s’est exprimé dans un message audio diffusé sur un site Internet où il rend hommage à ses partisans, aux « martyrs », aux prisonniers qu’il « n’oublie pas », aux « héros du djihad », aux supporteurs de foot qu’il remercie de leur « soutien », aux jeunes qu’il encourage « à tenir bon », et aux médias, auxquels il recommande de faire attention : « Vous êtes responsables et allez rendre compte devant Dieu de ce que vous écrivez. »
Seifalla Ben Hassine alias Abou Ayad, ancien combattant d’ Afghanistan, interpellé en 2003 en Turquie puis extradé vers la Tunisie, avait été condamné à quarante-trois ans de prison avant de bénéficier, comme tous les prisonniers politiques, de l’amnistie générale décrétée après la chute de l’ancien régime de Ben Ali. Recherché par la police depuis l’attaque de l’ambassade américaine à Tunis le 14 septembre 2012, il est passé depuis dans la clandestinité. Il y a peu, il avait accusé le parti islamiste Ennahda de mener une politique anti-islamique et a menacé de « guerre » le gouvernement.
Depuis la « Révolution de Jasmin », la Tunisie a du mal à reprendre son destin en main, le gouvernement est décrié, le peuple insatisfait, et la situation qui s’embrase.