La situation pour les palestiniens dans les camps de réfugiés syriens
Le rapporteur du « groupe de travail en faveur des réfugiés palestiniens en Syrie », a déclaré que le camp de réfugiés de Deraa a été bombardé et certain nombre de missiles ont atterri sur les immeubles là-bas, la plupart des maisons du camp ont été bombardées et détruites à cause de la continuité des bombardements. Les gens du camp souffrent de pénuries de nourriture, de médicaments et des pannes de moyens de communication.
A Husseiniyeh, aucun blessé n’a été signalé, mais les habitants du camp souffrent de la situation économique difficile en raison de l’embargo imposé sur le camp par les forces du régime.
Le camp de Yarmouk a été lui aussi bombardé avec un certain nombre de missiles sur le quartier de Taqadomiyya. De violents affrontements ont éclaté entre des groupes de l’armée libre et les forces du régime dans le camp. Une manifestation a été organisée en face de la mosquée Palestine après la prière du vendredi pour protester contre le blocus continu imposé sur le camp par les forces du régime depuis plus de 60 jours jusqu’à maintenant.
La mort ou la fuite, réfugiés pour la 2ème fois
Un militant pro-palestinien d’une organisation non gouvernementale (ONG) a annoncé vendredi que les deux-ans de guerre civile en Syrie avait tué environ 1000 Palestiniens selon une estimation, sans compter les disparus. L’ONG appelée « Groupe d’action pour les Palestiniens en Syrie », vise à faciliter l’arrivée dans la bande de Gaza de réfugiés en provenance de la Syrie. La Syrie compte environ 500.000 Palestiniens, dont environ 50.000 ont fui vers des pays comme la Turquie, la Jordanie, la Libye, le Liban et l’Egypte.
13 familles palestiniennes ont fui la Syrie pour la ville libyenne de Tobrouk, où ils éprouvèrent de grandes difficultés car ils ont attendu le passage de la frontière pendant de longues heures dans le froid et la pluie jusqu’à ce qu’ils aient été autorisés à entrer sur le territoire libyen. 16 autres familles sont encore coincées sur les frontières égypto-libyenne. Ils ont dépensé tout leur argent et survivent maintenant grâce à l’aide fournie par les gens là-bas.
La bande de Gaza a reçu 150 familles palestiniennes de Syrie, qui ont déclaré avoir subi des interrogatoires par les autorités égyptiennes avant d’être autorisées à entrer à Gaza. En décembre dernier, le président palestinien, Abou Mazen (Mahmoud Abbas), avait appelé à l’aide de la communauté internationale en faveur des réfugiés palestiniens fuyant la Syrie. Le Groupe d’action indique qu’aucun progrès pour les réfugiés n’a été réalisé depuis.
Plus de 25.000 réfugiés palestiniens de Syrie ont approché l’UNRWA (L’Agence des Nations Unies pour les Réfugiés) au Liban, a annoncé vendredi l’agence. L’agence a déclaré que le pourcentage le plus élevé de réfugiés palestiniens de Syrie était dans la région de Saïda, avec 31%, suivie par 22% dans la Bekaa, 17% à Beyrouth et 15% à Tyr et Tripoli. La plupart des réfugiés restent dans ou autour de l’un des 12 camps de réfugiés libanais déjà surchargées. Par ailleurs, le HCR a enregistré plus de 10.000 nouveaux réfugiés syriens, la semaine dernière.
Comme un goût de déjà vu…
La famille d’Ahmed Dweik connaît une chose ou deux au sujet de l’expérience des réfugiés.
Leur triste expérience a commencé en 1948, lorsque son père a fui sa ville natale palestinienne quand les forces israéliennes ont mené un assaut sur le village de Batani près de Ashdod (en Israël d’aujourd’hui). A partir de là, il s’est installé dans un camp de réfugiés dans la bande de Gaza, plus au sud, jusqu’à ce que la guerre israélo-arabe de 1967 l’ai poussé à rechercher une vie plus facile à l’étranger. Il alla d’abord en Egypte pour étudier, puis au Yémen pour trouver du travail. C’est là que Dweik est né. Mais comme son père, il a aussi cherché de meilleures opportunités, et a émigré vers la Syrie pour trouver un emploi mieux rémunéré et s’est installé près de Yarmouk, le plus grand camp de réfugiés palestiniens en Syrie.
« Ce qui est arrivé à mon père après la guerre de 1967 m’est arrivé en 2012 ».
À la mi-2011, Dweik est à Yarmouk, lorsque les autorités ont ouvert le feu sur des manifestations et il a été forcé de se cacher pendant quelques heures jusqu’à ce que la rue soit plus sure. «Je savais qu’il était temps pour moi de partir, mais pour aller où? » Au Yémen, où il a grandi, il a été confronté à un malaise, et d’autres pays arabes ont rendu plus difficile l’entrée pour les Palestiniens. Ce qui lui a laissé le choix de Gaza, la minuscule bande de terre assiégée par Israël et l’Egypte, où les conditions de vie sont difficiles et devraient s’aggraver, selon un rapport récent de l’ONU. Plus de 60% de la population n’a pas accès à l’alimentation, 39% vivent en dessous du seuil de pauvreté, et 29% sont sans emploi.
Dweik, sa femme et ses enfants font partie des quelque 150 familles qui sont retournées dans la bande de Gaza depuis la Syrie, selon le Groupe d’action pour les Palestiniens de Syrie. De ce nombre, 154 personnes se sont inscrites auprès de l’agence de secours des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA).
La Syrie est le foyer de plus d’un demi-million de réfugiés palestiniens qui ont été chassés de leurs foyers dans les guerres de 1948 et 1967. Les fonctionnaires de l’ONU et palestiniens sont de plus en plus préoccupés par leur sort dans le conflit sanglant syrien. Des dizaines de milliers de personnes ont cherché refuge contre la violence dans des familles d’accueil en Syrie et dans les établissements publics ou l’UNRWA en Syrie. 20.000 autres et 5.500 ont fui vers le Liban et la Jordanie, respectivement, Tariq Hamoud, qui coordonne le Groupe d’action et qui a récemment publié une étude sur l’impact de la crise syrienne sur les réfugiés palestiniens, affirme que le nombre de Palestiniens qui ont fui la Syrie, y compris en Turquie, l’Egypte et la Libye, peut être aussi élevé que 50.000.
Un retour bien difficile
Mais le retour à Gaza est particulièrement difficile, selon le responsable des opérations de l’UNRWA à Gaza Robert Turner. « Nous ne prévoyons pas un nombre significatif de réfugiés de retour en raison des difficultés à atteindre la bande de Gaza». Les habitants de Gaza qui souhaitent traverser la frontière égyptienne se voient obliger de fournir les documents de voyage requis, et les responsables égyptiens soumettent les habitants de Gaza de retour de la Syrie qui passent par l’Egypte à des « examens de sécurité profonds ».
Lorsque Faragallah Abu Jarad, qui a vécu dans un camp palestinien à Deraa depuis plus de 30ans, a été contraint de quitter la Syrie avec sa famille, lui et ses deux fils se sont retrouvés dans une prison égyptienne pendant un mois où ils ont été soumis à un interrogatoire avant d’être autorisés à retourner à Gaza.
Les autorités égyptiennes à la frontière de Rafah, ont également refusé l’entrée à Gaza pour Dweik parce qu’il n’avait pas de visa approprié ou la permission. Le seul moyen était le réseau de tunnels souterrains illégaux reliant l’Egypte à Gaza. «C’était risqué. Mais je suis là », a déclaré Dweik. Après un voyage tortueux Dweik a tenté de reconstruire sa vie dans la bande de Gaza, mais la guerre a frappé à nouveau. L’offensive israélienne de huit jours sur Gaza en novembre dernier a fait remonter des souvenirs de la violence vécue en Syrie car Dweik vit près d’un bâtiment gouvernemental qui a été martelé dans une attaque israélienne.« Tout tremblait: fenêtres, portes, même le bâtiment, mais grâce à Dieu ma famille n’a pas été blessée », a-t-il dit. Il avait peur une fois de plus, « mais que puis-je faire à ce sujet? J’ai beaucoup souffert de revenir ici, et je crains que les Égyptiens m’arrêtent si je pars en Egypte, parce que je suis entré dans la bande de Gaza par un tunnel ».
Abu Jarad dit qu’il est heureux que sa famille soit en sécurité, mais il a du mal à faire face au chômage élevé à Gaza et aux niveaux de pauvreté.
«Ce n’est pas la sécurité que nous voulons … Nous voulons également reconstruire nos vies, qui ont été volés par la guerre … Nous avons quitté à peu près tout ».
Il est maintenant dans une vieille maison que ses parents habitaient depuis des décennies. Les murs sont fissurés et quelques vitres brisées à cause des bombardements israéliens en novembre.
Quel avenir pour eux à Gaza ?
Beaucoup, mais pas tous, de ceux qui fuient la Syrie ont des familles élargies dans la bande de Gaza qui offrent un certain soutien. Les rapatriés ont également accès aux mêmes services fournis par l’UNRWA comme tous les autres réfugiés palestiniens dans la bande de Gaza: la nourriture, l’éducation, les soins de santé. Ils peuvent également s’appliquer à des projets de création d’emplois UNRWA pendant six mois ou un an de travail pour les faire démarrer, l’UNRWA a déclaré Abou Hasna. « Plus que ce que nous ne pouvons pas leur offrir ». Un représentant du gouvernement de Gaza, en parlant sous couvert d’anonymat, a déclaré que les rapatriés peuvent demander de l’aide sociale du gouvernement, de même que tout autre résident de Gaza. Mais il a dit qu’il serait très difficile, non seulement politiquement, mais aussi logistiquement et financièrement, pour la bande de Gaza d’accueillir un grand nombre de réfugiés palestiniens de Syrie qui n’étaient pas à l’origine des habitants de Gaza.
Dweik a appelé à une plus grande attention, une assistance financière et au logement, à ceux qui ont fui leur pays d’accueil, « car ils sont partis avec rien en main, à la recherche d’un endroit plus sûr où ils peuvent vivre, et ne pas être des réfugiés une fois de plus ».