Dans notre article Quelle est votre ambition nous vous disions que la communauté musulmane doit être fière de sa jeunesse, parce que l’on a beau dire ce que l’on veut, s’il y a bien une religion aujourd’hui qui réussit à fidéliser ses jeunes, c’est la religion musulmane. Et voilà que LeMondeDesReligions vient confirmer cette analyse. En effet une étude inédite conclut que le degré de pratique est plus important chez les musulmans de moins de 25 ans, alors qu’il est stable ou en recul pour les autres confessions.
Contrairement aux catholiques, aux juifs ou, dans une moindre mesure, aux protestants, les jeunes musulmans sont de plus en plus fidèles à l’islam. C’est l’une des conclusions du sociologue Hugues Lagrange, directeur de recherche au CNRS, dans le cadre d’une étude à paraître en 2013. Présentée en avant première par Le Monde elle s’appuie sur le croisement inédit de différentes enquêtes statistiques. Hugues Lagrange constate ainsi que « l’affirmation musulmane » se généralise chez les Français de 18 à 25 ans issus de l’immigration du Maghreb, du Sahel et de la Turquie. Surtout : « l’importance accordée à l’éducation religieuse », comme au mariage, augmente chez les 21 – 25 ans, plus encore chez ceux nés ou arrivés jeunes en France.
Ni le chômage ni les inégalités ne suffisent à l’expliquer, affirme le sociologue. Notamment, le fait que «le sentiment de relégation sociale» soit très sensible chez les secondes générations les éloignerait de la culture européenne. Aussi, «les valeurs traditionnelles et familiales des pays d’origine en sont plus prégnantes et pérennes, et les jeunes en ressentent une forte exigence d’affirmer leur identité.» En outre, faute de mixité sociale, de «brassage des manières de vivre et des croyances», ceux vivant dans les quartiers à forte population immigrée seraient sensiblement plus religieux que les autres. À l’inverse, les enfants nés dans un couple mixte seraient de plus en plus nombreux et de moins en moins religieux.
Si l’islam est loin de devenir « la première religion de France », en termes de démographie, son poids qualitatif va donc croissant. Le Figaro évoque par exemple un chiffre à l’appui : dans les églises, le dimanche, 65 % des catholiques pratiquants ont 50 ans et plus ; à la mosquée, le vendredi, 73 % des musulmans pratiquants ont moins de 54 ans.