Souvenez-vous, le 31 mai 2010, une ONG turque affrétait un navire d’aide humanitaire à destination de Gaza : le Mavi Marmara. Une action particulièrement remarquable quand on sait que Gaza est soumis à un blocus injuste et inhumain. Depuis plus de cinq ans, un million et demi de femmes, enfants, hommes vivent dans le dénuement le plus total, maintenus dans une prison à ciel ouvert. Malheureusement pour les Gazaouis et les occupants du Mavi Marmara, le navire turc subira un assaut de l’armée israélienne, dans les eaux internationales, des plus violents et des plus injustifiés. Bilan : 9 morts, des civils turcs.
Un procès attendu…
C’est aujourd’hui mardi, que s’est ouvert le procès de quatre chefs de l’armée israélienne dans un tribunal d’Istanbul. Le ministère public turc a requis la prison à vie contre l’ex-chef d’état-major de l’armée israélienne, Gabi Ashkenazi, les ex-chefs de la marine et de l’aviation, Eliezer Alfred Marom et Avishai Levi, et l’ex-chef des services secrets Amos Yadlin, pour leur implication supposée dans l’assaut contre le navire au cours duquel neuf ressortissants turcs furent abattus.
…Mais symbolique
Cette première audience a été l’occasion pour des centaines de manifestants réunis devant le tribunal de réclamer justice pour la mort de ces hommes. «Allah est grand !» et «Maudit soit Israël», a scandé la foule, qui a déployé un grand drapeau turc et agité de nombreux drapeaux palestiniens. C’est un sentiment d’amertume et de grande injustice que l’on retiendra surtout de ce début de procès. Les quatre chefs de l’armée israélienne étaient jugés in abstentia, ils n’assistaient donc pas à leur propre procès. Une grande déception que l’on pouvait néanmoins anticipée connaissant l’habitude de l’Etat d’Israël à ne soumettre à aucune loi si ce n’est la sienne. Israël qui bien entendu refuse catégoriquement d’extrader les anciens responsables de son armée.
Israël au-dessus des lois
L’acte d’accusation reproche aux soldats israéliens d’avoir fait un usage largement disproportionné de la force contre les militants turcs, les accusant d’avoir «mitraillé des gens qui brandissaient des fourchettes, des cuillères ou des hampes de drapeau». Rappelons que dans sa résolution 1860 du 8 janvier 2009, le Conseil de sécurité des Nations unies demandait notamment « que l’aide humanitaire, y compris les vivres, le carburant et les traitements médicaux, puisse être distribuée sans entrave dans tout Gaza ».
Cette affaire avait provoqué une grave crise diplomatique entre la Turquie et Israël, autrefois alliés. Ankara a, suite à cette affaire, abaissé le niveau de sa représentation diplomatique dans l’Etat hébreu, suspendu la coopération militaire, et a expulsé l’ambassadeur d’Israël.
Sources : AFP, Libération