Le photographe espagnol Samuel Aranda a remporté le World Press Photo Award 2011 pour un cliché pris au Yémen montrant une femme portant le voile intégral et tenant dans ses bras un proche blessé.
[pullquote_right]Cette photo a la faculté de renverser les codes qui voudraient que la femme entièrement voilée soit faible et soumise face à la force de l’homme. Ici les rôles sont inversés, c’est la femme qui est active.[/pullquote_right]
Image, prise le 15 octobre 2011 à Sanaa au Yemen, représentant une femme entièrement voilée tenant dans ses bras l’un de ses proches, blessé au cours d’une manifestation. La scène se passe dans une mosquée transformée en hôpital par les opposants au régime du président Ali Abdallah Saleh.
Le président du jury, Aidan Sullivan, a tenu à justifier son choix en invoquant une vision humaine, d’une histoire en marche, celle des révolutions arabes:
« La photo récompensée montre un moment poignant, de compassion, la conséquence humaine d’un événement énorme, d’un événement qui se poursuit. Nous ne saurons peut être jamais qui est cette femme, qui tient avec précaution un proche blessé, mais ensemble ils forment une image vivante du courage de gens ordinaires qui contribuent à créer un chapitre important de l’histoire du Moyen-Orient. »
Nina Berman, membre du jury justifie son choix: « Dans les médias Occidentaux, nous voyons rarement des femmes voilées de cette façon, à un moment si intime. Cette photo a la faculté de renverser les codes qui voudraient que la femme entièrement voilée soit faible et soumise face à la force de l’homme. Ici les rôles sont inversés, c’est la femme qui est active, c’est la femme qui secours. Elle prend les choses en main, console un homme presque nu, fragilisé, qui s’abandonne à cette étreinte rassurante et maternante. La cohabitation dans un même cadre de ces deux corps nous émeut et nous bouscule.»
« Cette photo parle pour l’ensemble de la région. Elle symbolise tout ce qui se passe au Yemen, en Égypte, en Tunisie, en Libye ou en Syrie. Elle est emblématique du printemps arabe. Mais elle montre un moment intime, à l’écart des événements. Et elle montre le rôle important joué par les femmes, qui ne se contentent pas de soigner les blessés. Elles sont pleinement actives. » Explique Samuel Aranda, gagnant du concours World Press Photo 2011.
Cette photo a été élue meilleure photo presse
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