Sokouana Gary a tout juste 30 ans, elle est née et a grandi à Villeneuve-Saint-Georges (94). Elle est issue de la communauté malienne, et est de confession musulmane. Nous sommes allés à sa rencontre car nous avions ressenti la nécessité de partager son parcours atypique jalonné d’étapes que de nombreux musulmans ont du rencontrer au cours de leur vie. C’est à travers un récit clair qu’elle nous transporte dans son quotidien…
Ambitions utopiques mais réalistes
Depuis son plus jeune âge, elle a tenu à poursuivre ses ambitions afin de démontrer que l’appartenance à la religion musulmane ou à un pays étranger n’était pas un frein à la réussite sociale.
Sokouana Gary, vous êtes à la fois présidente d’une association humanitaire et directrice d’une agence de communication événementielle ; vous représentez également un réseau qui accompagne les femmes dans le développement de leur entreprise…Vous êtes en somme, une vrai femme d’affaire…
Rires…Je ne me considère pas comme une femme d’affaire, mais comme quelqu’un qui a décidé de prendre sa vie en main.
Pratiquante, j’estime que le travail est une adoration, alors je fais de mon travail un acte d’adoration en essayant d’être au service des personnes qui en ont besoin, notamment la communauté musulmane, que cela soit à travers mon association ou mon entreprise, je donne de mon temps pour que la qualité de vie des gens soit meilleure.
C’est le devoir de chacun de veiller les uns sur les autres.
Pouvez-vous nous présenter en quelques mots vos objectifs ?
Mes objectifs sont de prouver et de montrer que tout le monde est apte à réussir.
De par mes convictions, c’est aussi faire savoir que n’importe quel musulman a sa place ici même au sein de la société française, et participer à la valorisation du statut et de l’image des musulmans en France.
En tant que musulmane et voilée, cela est d’autant plus important à mon sens aujourd’hui.
Vous avez un rythme de croisière soutenu. Comment se passe une journée type chez vous ?
Lever au Fajr (rituel : toilette, salat, invocations du matin)
Ensuite je saute sur ma boite mail (rires) je vérifie mes rdv de la journée, mes mails, j’envoie des consignes à mes assistants sur le travail de la journée, et je m’attèle à un peu de phoning…En somme, une matinée consacrée à la gestion administrative.
Après la pause déjeuner durant laquelle je m’accorde un peu de répit (entre deux coups de fils) j’en profite pour une pause salat et sérénité.
Et l’après-midi, c’est la course aux rendez-vous que j’essaie de caler entre les prières et de préférence sur un lieu près d’une mosquée, et j’essaie enfin de faire mon possible afin d’arriver chez moi à temps pour la prière du Maghreb.
Une fois rentrée chez moi, je m’occupe de ma petite famille et du diner, je pose tous mes téléphones en veille et à moi les petits moments de détente et de lecture.
C’est l’organisation rêvée pour tout musulman ! Mais dites-nous donc quel est le secret de votre organisation ?
La volonté et la confiance en Allah, car beaucoup de personnes me demandent comment je fais pour y arriver, je réponds qu’il s’agit juste de placer sa confiance en Allah : j’essaye d’invoquer Allah sincèrement, et parfois même je me retrouve à réussir à faire plus d’activités que celles prévues au départ dans mon planning.
Comment vous est venue l’idée de développer une association humanitaire ainsi qu’un réseau d’entreprenariat féminin ? Quel en a été le déclic ?
L’association humanitaire est née d’une épreuve personnelle que j’ai vécue, et qui m’a donné l’envie d’aider les autres et de les protéger contre les inégalités et les injustices.
Le réseau d’entrepreneures au féminin est né à la suite de mon propre parcours où je constatais des manquements, cela est pour moi une sorte de façon de lutter contre toute forme d’isolement dans l’entreprenariat.
Avez-vous rencontré des difficultés lors de l’accomplissement de vos projets ? Si oui, comment y avez-vous remédié ?
En ce qui concerne la création des 3 entités, je n’ai pas rencontré de frein en particulier.
J’ai pu constater qu’il faut tout de même bien être entouré au départ afin de limiter les difficultés.
En revanche, au quotidien, il y a des moments plus durs que d’autres car on gère quand même de l’humain ; et le plus dur est de savoir gérer cette notion de relationnel avec l’humain et d’avoir un souci d’équité.
Je me pose toujours la question de savoir si ce que je fais satisfait mon Créateur.
Quels conseils aimeriez-vous donner aux femmes qui souhaitent s’engager dans une expérience d’entreprenariat ?
Voici les conseils que je pourrai leur donner, qui sont les suivants :
- Avant tout placer sa confiance en Allah car c’est Lui qui est capable de toute chose
- De savoir qui sont-elles, de faire une introspection sur elles-mêmes
- De se demander ce qu’elles veulent vraiment afin de savoir ce qu’elles peuvent donner et apporter.
- De croire en ce qu’elles font
Car de nos jours de nombreux projets ne donnent pas le jour, car beaucoup de personnes négligent la « phase d’émergence » qui en quelque sorte dans le langage managérial est une sorte de prémices et de préparation du terrain de l’activité.
Que souhaitez-vous dire sur votre expérience personnelle vécue lors de la création de vos 3 entités ?
Je remercie tout d’abord Allah d’être devenue ce que je suis aujourd’hui, et des épreuves qu’il m’a données.
Ce sont des expériences qui m’ont enrichie personnellement et humainement. Elles ont contribué à créer le bonheur dans lequel je vis aujourd’hui, même si par moments on continue à être éprouvé, mais c’est justement afin de devenir meilleurs.
Qu’est-ce que cela vous a apporté en terme de valeurs et d’expérience ?
Mon expérience et mon vécu, les épreuves d’Allah, toutes ces choses m’ont apporté la notion de solidarité d’échange et de partage. J’ai acquis des compétences qui m’ont propulsée au statut professionnel que j’occupe aujourd’hui.
Toutes les personnes que j’ai pu rencontrer au long de mon parcours m’ont donné des clés afin de me connaitre davantage en profondeur.
Qu’aimeriez-vous dire aux personnes qui souhaitent participer au développement de votre association ?
C’est simple, rejoignez-nous ! il y a de la place pour tout le monde…
Donner de soi, c’est renforcer la communauté, vous êtes tous les bienvenus !
L’entraide forme avant tout un seul corps, c’est un socle commun.
Comment peut-on faire pour vous contacter ?
Nous disposons d’un site internet sur lequel vous trouverez plein d’infos nous concernant : www.sow-asso.fr
Sokouana, merci de votre disponibilité et de votre simplicité à toute épreuve, vous nous avez offert à travers votre parcours prometteur de nombreuses valeurs.
Vous nous avez ainsi dévoilé l’exemple d’un portrait enrichissant.
Portrait qui je l’espère, permettra à de nombreuses personnes de s’identifier à votre expérience ; et de sauter le pas dans l’entreprenariat, tout en gardant la notion de partage qui en découle.
Qu’Allah vous récompense