Entre le 16 et le 18 septembre 1982, les Palestiniens des camps de réfugiés de Sabra et Chatila au Liban vivent un massacre. Les milices chrétiennes libanaises s’attaquent à eux, avec la complicité d’Israël. Souvenons-nous…
Les Palestiniens s’installent au Liban
A la création de l’état d’Israël, des milliers de Palestiniens sont chassés ou n’ont d’autres choix que de quitter leurs terres. Certains se rendent en Jordanie, d’autres en Egypte, en Syrie, en Irak… Le Liban est aussi un pays d’exil et c’est notamment dans la banlieue de Beyrouth que s’installent les réfugiés. C’est d’ailleurs d’ici que s’organise la résistance palestinienne dans un climat d’instabilité, le pays sombrant dans la guerre civile. Ces résistants sont soutenus par des alliés libanais et syriens. Une situation à laquelle se mêle Israël en lançant son opération « Paix en Galilée » sans l’aval de l’ONU mais décidée par Menahem Begin !
Israël attaque Beyrouth
Beyrouth connait de forts bombardements de l’aviation israélienne, ayant notamment pour but de déloger les résistants palestiniens dont fait partie Yasser Arafat. Devant l’enlisement de la situation, la force multinationale intervient et un cessez-le-feu est signé contre le départ de la résistance palestinienne du pays. Ainsi sans la résistance, les réfugiés sont sous la protection des puissances internationales de la force multinationale. Mais Américains, Français et Italiens se retirent les uns après les autres avant la date prévue. La « protection » est alors un grand mot et les familles palestiniennes ne sont pas à l’abri d’exactions de milices libanaises.
La mort du président libanais Bechir Gemayel
L’attentat du 14 septembre 1982 entraînant la mort de Bechir Gemayel est considéré comme l’élément déclencheur des tueries de Sabra et Chatila. Les Forces libanaises d’Elie Hobeika sont chargées du maintien de l’ordre dans les camps palestiniens, par Israël. Les camps de Sabra et Chatila encerclés par Tsahal, une véritable boucherie aura lieu durant deux jours. Le samedi 18 septembre, le monde se réveille sur des images terrifiantes : des femmes enceintes éventrées, des enfants massacrés… Les corps sont entassés, gonflés, méconnaissables. Des membres ont été coupés à l’arme blanche. Entre 800 et 1000 personnes ont été assassinées. Dans leur livre « Sabra & Chatila, au cœur du massacre », Jacques-Marie Bourget et Marc Simon présents sur ces lieux racontent avec photographies à l’appui le souvenir marquant de ce drame.
A qui la faute ?
Les soldats israéliens ont utilisé des fusées éclairantes à la nuit tombée pour aider les bourreaux. D’autres militaires étaient également présents dans les camps d’après les témoins, reconnus par leurs uniformes et l’hébreu qu’ils parlaient. En Israël, la commission Kahane conclut à une responsabilité indirecte d’Ariel Sharon, ministre de la Défense à l’époque. Il démissionnera de son poste mais quelques années après reviendra au gouvernement. Le livre « Beyrouth, l’enfer des espions » de Jean-René Belliard indique que le chef d’état-major de l’armée israélienne restera à son poste avant d’être membre du Parlement. Le brigadier général Yaron ne pourra plus être à un poste de commandant mais il aura la direction du personnel de l’armée. Il deviendra même attaché militaire de l’ambassade d’Israël à Washington. Evidemment la force internationale qui avait quitté le Liban est aussi pointée du doigt.
Malgré l’horreur, il n’a pas été question de « crime contre l’humanité ». La tragédie de Sabra et Chatila est alors venue s’ajouter aux exactions commises à Deir Yassine, à la tuerie de Qibya puis à celle de Jénine, pour ne citer que ces événements. L’impunité reste et le blocus sur la bande de Gaza et la colonisation en sont les exemples ! A quand une communauté internationale qui saura enfin freiner Israël ?