Nous poursuivons ensemble le récit de Ka’b Ibn Malik, en méditant sur les leçons que l’on peut en tirer. Souvenez vous qu’il avait manqué à l’appel lors de l’expédition de Tabuk.
La sincérité, la vérité sont les principes des croyants qui assument leur faute
Lorsque j’appris que le Messager d’Allah (PBSL) était sur le chemin du retour de l’expédition de Tabûk, un grand chagrin me prit et je songeait à trouver quelques mensonges pour me tirer d’affaire, en disant à moi-même :
« Comment pourrai-je bien échapper à sa colère demain ? Et je pris pour cela conseil auprès des gens avisés de ma famille. Et lorsque l’on m’annonça l’arrivée imminente du Messager d’Allah (PBSL), toute idée de mensonge se dissipa de mon esprit à tel point que je savais que rien ne pourrait m’épargner son courroux. Alors, je me décidai à lui dire la vérité . » (…)
« C’est alors que j’arrivai et lorsque je le saluai, Il me sourit avec le sourire d’un homme irrité, puis il me dit : « Viens ici ! »
Je m’avançai donc jusqu’à m’asseoir devant lui. Il me dit : « Qu’est ce qui t’a retenu ? N’avais-tu pas acheté ta monture ? » Je dis : « Ô Messager d’Allah ! Par Allah, si je me trouvais en présence d’une autre personne que toi parmi tous les habitants de ce monde, j’échapperais certainement à sa colère par quelques excuses car effectivement, je suis un bon polémiste.
Mais par Allah, je sais bien que si je te raconte aujourd’hui un mensonge pour obtenir ta satisfaction, Allah attirerait certes, sur moi ta colère.
Par contre, si je te dis la vérité qui engendrera ton courroux contre moi, je pourrai espérer par là une fin heureuse de la part d’Allah (exalté soit-Il).
Par Allah, je n’ai aucune excuse et je n’ai jamais été aussi fort, ni aussi aisé qu’au moment où je suis resté en arrière sans participer à l’expédition. »
Le Messager d’Allah (PBSL) dit : « Quand à celui-là, il a dit la vérité. Lève-toi, et attends qu’Allah décide à ton sujet ce qu’Il voudra » ».
La fermeté face aux mauvais conseils qui peuvent venir même des plus proches
« Je sortis et des hommes de la tribu des Banû Salama me suivirent et me dirent :
« Par Allah, nous n’avons jamais appris que tu avais commis de péché avant celui-là. Or, tu aurais pu t’excuser auprès du Messager d’Allah (PBSL) omme l’avaient fait ceux qui ont manqué à l’appel.
Il t’aurait amplement suffi que le Messager d’Allah (PBSL) demande le pardon [d’Allah] pour ton péché. »
Par Allah, Ils ne cessèrent de me faire des reproches jusqu’à ce que j’eus envie de retourner auprès du Messager d’Allah pour revenir sur mes premières paroles. » (…)
Le croyant se prépare à endurer l’épreuve après le péché, avec le but de la Miséricorde d’ALLAH, loué soit-Il
« Le Messager d’Allah (PBSL) a ordonné aux musulmans de ne plus adresser la parole à aucun des trois de ceux qui étaient restés en arrière. Les gens nous évitaient et ils changèrent leur attitude envers nous à tel point que la terre elle-même ne m’était plus reconnaissable. Nous restâmes dans cet état cinquante nuits. (…).
« Quand l’éloignement des musulmans dura trop longtemps pour moi, je marchai jusqu’ à ce que j’escaladai le mur du jardin d’Abû Qatâda. Il était mon cousin et l’un de mes plus chers ami. Je le saluai. Par Allah, il n’avait même pas pris la peine de me rendre le salut. » (…)
C’est pendant l’épreuve que l’appel enchanteur des ennemis se fait le plus entendre pour profiter de notre faiblesse et tenter de nous rallier à eux
« Mes yeux fondirent en larmes et je m’en allai en escaladant à nouveau le mur. Pendant que je traversai le marché de Médine, un Nabatéen (paysan) de Syrie parmi ceux venus vendre des vivres, se mit à demander aux gens :
« Qui peut me montrer où se trouve Ka’b ibn Mâlik ? ». Aussitôt que les gens me désignèrent à lui, il s’avança vers moi et me remit une lettre du roi de Ghassân (qui avait pris part à la bataille de Tabuk contre le prophète). Je savais lire et je lus cette lettre. Elle contenait les propos suivant :
« Soit, nous avons eu connaissance que ton compagnon s’est détourné de toi, alors qu’Allah ne t’a jamais placé dans une position d’abandon ou d’humiliation. Rejoins-nous donc et nous te consolerons. »
Je me dis : « Ceci est encore l’une de ces nombreuses épreuves que me touchent ». Et je jetai la lettre dans le four à pain. Ainsi quarante jours sur les cinquante étaient déja passés, et la révélation d’Allah tardait à venir . »
Les derniers moments de l’épreuve sont ceux qui requiert notre plus grande assiduité
« C’est alors qu’un émissaire du Messager d’Allah vint me dire :
« Le Messager d’Allah (PBSL) ordonne de te séparer de ta femme. »
« Dois-je la répudier, ou que dois-je faire ? » lui dis-je.
Il dit : « Non, mais isole-toi d’elle et ne l’approche plus. »
Il envoya le même message à mes deux compagnons.
Je dis à ma femme : « Rejoins ta famille et reste chez eux jusqu’à ce qu’Allah prononce Son jugement dans cette affaire. » (…)
Je restai comme cela durant dix nuit, et ainsi s’achevèrent les cinquante nuits au cours desquelles il était il était interdit de nous parler. »