Saviez-vous que l’arabe, langue du Coran et pont culturel entre musulmans d’où qu’ils soient dans le monde, avait exercé une influence non négligeable sur le français, et ce bien avant d’être aveuglément rejeté par certains représentants pseudo-légitimes d’un pays dont ils ignorent l’Histoire ?
Dis-moi ce que tu parles, je te dirai ce que tu es
Rares sont aujourd’hui les musulmans vivant en territoire francophone, toutes origines confondues, à n’avoir jamais été confrontés à des remarques ou reproches infondés vis-à-vis de leur identité nationale… et les débats lancés par le précédent gouvernement à ce sujet n’ont de toute évidence pas facilité la tâche de nos coreligionnaires aspirant simplement à vivre en citoyens musulmans épanouis. Or, chers concitoyens non-arabophones, le reflet d’une culture n’est-elle pas sa langue ? Et celle-ci, ses origines et son évolution, ne sont-elles pas le ciment du peuple qui l’emploie ? Les questions sont rhétoriques et tous s’accorderont à admettre l’importance et l’attachement des populations à leur langage.
Omission historique
À l’heure où bon nombre de nos concitoyens s’interrogent sur la survie de la si précieuse culture française (et plus généralement francophone), il paraissait important voire primordial de mettre en lumière l’origine de quantité de mots fréquemment employés par tous. Car contrairement à ce que pensent la majorité d’entre nous -merci Mme Éducation Nationale- les relations historiques qui existent depuis des siècles entre arabe et français ont profondément influencé et enrichi ce dernier. En effet, ces deux langues, a priori lointaines de par leurs origines, ont à diverses reprises eu l’occasion de se croiser et s’apporter mutuellement depuis le Moyen-Âge. Certains savants arabophones furent si célèbres dans les milieux intellectuels européens qu’ils reçurent un second nom latinisé… ainsi Ibn Rushd, fameux médecin, astronome, philosophe et juriste est encore de nos jours connu sous le nom d’Averroès en Occident, et il en va de même pour Ibn Sînâ que nous prenons tout naturellement la liberté de (re)nommer Avicenne etc.
Un lexique plutôt pratique
Voici donc, pour ceux qu’il intéresserait d’ajouter à l’arsenal de leurs arguments démontant la thèse d’une pureté linguistique ou nationale (utopique aux vues des origines métissées de toute civilisation), quelques mots français venus de l’arabe :
abricot, alcool, algèbre, amiral, se barrer, bougie, café, calibre, carafe, chiffre, douane, échecs, fanfaron, gilet, guitare, jupe, magasin, masser, nacre, potiron, raquette, sirop, sucre, tarif…
Toute langue a, au cours de son histoire, emprunté différents termes à sa voisine, contribuant ainsi à son enrichissement. De nos jours, sur quelques 20 000 mots usuels, quarante seulement sont gaulois… Peut-être que rappeler ceci, l’inculquer dès l’enfance et en faire le pilier solide d’une civilisation revendiquant son multiculturalisme favoriserait l’intégration et l’acceptation de l’Autre, à une époque où chacun s’enferme dans une appartenance abstraite et imaginaire, déjà toute faite, même malgré nous, de métissage.
Soyons donc à l’image de nos mots, vestiges d’échanges culturels, riches de nos partages.
Réf. litt. : Arabesques d’Henriette Walter et Bassam Baraké
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Superbe article , un article qui nous renvoie aux vrais valeurs que l’on se doit de prendre en compte nous-même et transmettre aux plus jeunes qui sont : respect de l histoire, des anciens et de l’être en général , tolérance d’autrui et de la différence … Merci
merci pour ce rappel. J’aime cette vison de corrélation entre les langues et les cultures si peu rappelée ou quasi inexistante dans les manuels scolaires d’histoire, tellement remplis par les détails des 2 guerres mondiales.
merci pour l’article en effet j’ai plusieurs fois remarqué cette incroyable interférence des langue du monde entier mais c’est un peu logique vu qu’on a tous la même origine !
La langue arable à elle même emprunté ces mots aux grecs…qui les ont emprunté …au latin…
Les mots sont peut de chose… ce sont les idees et les savoirs utiles qui ont fait de l’Arabe la langue scientifique par excellence au moyen âge. Vous ne retenez dans cet article que la surface des choses…. Faut-il rappeler au passage le peu de cas qui est fait au sein de notre communauté musulmane de France de l’héritage d’ibn Rushd, traducteur et commentateur d’Aristote et promoteur de la primauté de l’approche rationaliste dans l’appréhension des choses de est de ce monde ? Faut-im souligner à quel point les articles sur la soit-disant « médecine prophétique » ou le « mauvais oeil » souvent promus ici même sont tout ce contre quoi Ibn Sina à lutté dans sa quête pour une médecine basée sur une connaissance rationnelle des phénomènes biologiques ?