« Imam » d’une mosquée de Copenhague, Sherin Khankan, une danoise de 41 ans, milite pour un « féminisme islamique ».
Une mosquée « presque » comme les autres
Sherin Khankan, islamologue de 41 ans, est l’ « imam » de la mosquée Mariam, première mosquée danoise entièrement dirigée par des femmes. De l’appel à la prière au prêche du vendredi, dans cette mosquée 100 % féminine sont aussi scellés des mariages islamiques mais aussi interconfessionnels.
Pour un Islam au féminin
Ayant étudié les sciences islamiques dans les universités de Damas et de Copenhague, Sherin Khankan, qui se revendique d’un courant proche du soufisme, milite en faveur d’une relecture moderne du Coran. Pour elle, tout est question d’interprétation et le texte sain peut être lu dans un sens progressiste pour les femmes. Elle s’affiche ainsi comme une leader religieuse à la fois moderne et souple qui milite en faveur d’un leadership féminin musulman et pour l’émergence d’un « féminisme islamique ».
Une réinterprétation de certains préceptes
Pour Sherin Khankan, « rien, dans le texte sacré, ne soutient que l’imamat est réservé aux hommes. L’interprétation patriarcale a défiguré le Coran ». Aussi, quand certains féministes lui reprochent de ne pas opérer assez de changements, celle-ci leur répond qu’« une femme à la tête d’un prêche mixte, ça aurait été le chaos », ne refusant donc pas cette idée dans un futur plus ou moins proche. Pour ce qui est de la question du voile, Sherin Khankan, qui ne le porte que pour prier, s’en remet au choix de chacun : « Si une femme est contrainte de porter le hijab, je me battrai pour qu’elle ne le porte pas », affirme-t-elle.
Ainsi, on pourrait penser que Sherin Khankan initie une nouvelle mouvance. Mais il faut savoir que même si elles restent très marginales, on trouve aussi des « femmes imams » au Canada et en Afrique du Sud. Une mosquée de ce genre a également ouvert à Los Angeles en 2015, et une autre doit voir le jour en 2018 en Grande-Bretagne. Tout comme ceux qui veulent réformer des préceptes de l’Islam qui n’arrangent pas la république, d’autres veulent également remanier ce qu’ils appellent un « asservissement de la femme ». Il est clairement plus facile de vouloir changer une religion pour qu’elle corresponde à notre mode de vie, plutôt que changer notre mode de vie pour qu’il soit en accord avec la religion.