Douce France, forte islamophobie

« Douce France », disait-il. Douce France, je ne sais plus sur quel aspect je doute, la douceur ou bien la France elle-même. Derrière le rideau de la fraternité et de l’égalité, s’écrit une toute autre histoire, certainement la plus moche que la France ait connue.

Raciste, la France ? Je n’en doute plus, du moins on fait tout pour que le peuple hébété le devienne. Dès que l’économie va mal, l’alibi est vite trouvé : l’étranger. Cet être qui vient de loin, qui n’a pas la même langue, pas la même culture et très souvent, pas la même couleur. Lui, tel l’âne dans Les Animaux malades de la Peste de La Fontaine, s’érige comme le coupable innocent idéal, coupable de sa faiblesse. Taper sur le plus faible a toujours été un signe de force, pour les plus lâches d’esprit, symbole d’une puissance écrasant la morale. Oui, parfois j’ai honte de vivre en France, et d’être Français.

Douce France, ce pays partant en croisade contre les barbus de l’Hexagone, omettant que les plus grands érudits des siècles passés n’étaient pas bornés par leur pilosité. Douce France, cette nation fière mais si amnésique de son passé, qui admet ses fautes en murmures pour les reproduire à échelle macroscopique au présent. Douce France, celle qui permet aux véritables ennemis de la Paix d’exister.

« La France aux Français », un slogan si peu recherché qu’il sonne cruellement creux, un peu comme le crâne de ces skinheads, si héroïques qu’ils tapent sur des femmes. Honte à cette France immorale, honte à tous ces politiques véreux qui pensent que parce qu’ils sont au sommet de leur République, ils sont aptes à piétiner et uniformiser la pensée d’un peuple. Et de toutes ces religions, l’Islam est la star. Elle est le bouc émissaire de la crise, la raison d’être des extrémistes adeptes des croix gammées et des partis sionistes. Combien avez-vous vu de musulmans agresser gratuitement des femmes dans la rue ? De passants ? De commerçants ? Combien de musulmans, pas d’Arabes, de Noirs, de Blancs arabisés, de Roms, de Gitans ? Un criminel est un criminel, cela n’engage que lui, pas une religion qu’on lui collerait opportunément comme une étiquette alimentaire. Le musulman n’attaque pas la religion d’autrui pour cibler le mal. Quand un déséquilibré violente d’une manière écœurante une pauvre adolescente, car musulmane, le musulman ne crie pas au terrorisme chrétien ou juif. Nous appelons cela un acte barbare, xénophobe et islamophobe qu’aucun adepte d’une religion ne peut commettre. L’inverse est difficilement convenu, malheureusement.

Douce France, pourquoi ne t’inquiètes-tu pas de la montée des actes islamophobes alors que cela décime ton pays, les enfants de ton pays qui sont eux-mêmes Français ? Non, douce France est malade. Sa maladie est l’hypocrisie, elle ravage sa conception idéaliste et mensongère du « vivre ensemble ». Il aurait plutôt fallu appeler ça « vivre comme on vous l’impose ». Or non, cela n’aurait pas été en symbiose avec la devise tout aussi hypocrite « Liberté – Égalité – Fraternité ». Que de belles rengaines et devises en France, symboles d’un état qui a vu et gouté et qui ne veut pas que les méfaits du passé resurgissent mais qui, à l’inverse, saborde tout moyen de réconciliation des peuples en accentuant les clivages et inégalités ethniques. Alors, qu’on se le dise, la République française court vers la rupture. Une dissension évidente et approchante si elle ne sait, dans son avenir, rectifier le tir et considérer son peuple comme unique et diversifié. La douceur qu’on lui a collée est en train de virer à l’aigreur, on bafoue et modifie des textes de loi approuvés par les générations précédentes pour faire barrage à une communauté, comme on stopperait la peste aux frontières. L’Islam n’a pas vocation à être la peste, que messieurs les machinateurs se rassurent, sa communauté ne compte pas non plus vous voler vos femmes et vos enfants. Ils ont les leurs, et comptent bien les protéger.

Enfin, je pense que si humainement chaque être, musulman, chrétien, juif ou autre, prenait le temps de se mettre en face de lui-même; il y verrait un splendide rappel. Notre essence est similaire, notre création identique, nos métabolismes sont régis par les mêmes fonctionnements, et puis, nous mangeons tous, nous pleurons tous plus ou moins, nous rions tous également et nous mourrons tous finalement. Alors, d’où viennent nos conflits ? De futilités, qui mises bout-à-bout avec peu d’incompréhension et peu de transigeance finissent par créer ces climats d’hostilité permanents. Et je ne pense pas que cela desserve certaines minorités, avides, en quête de conflits pour dissiper une majorité en proie au besoin de tout genre. Alors, quand une fille voilée ou non, musulmane ou non, se fait tabasser cela doit nous émouvoir tous car nous sommes humains et cela doit demeurer dans nos gênes. Il faut réellement régler les pendules, l’injustice est le combat de tous, l’islamophobie est une injustice au même titre que de nombreuses autres, allant des crimes anti-chrétiens à ceux perpétrés contre l’humain innocent.

Si notre douce France et les têtes qui la dirigent ne se mettent pas dans le sillon de la justice équitable pour tous les peuples, de la considération égalitaire de toutes les origines ethniques qui forment la France, du respect et de la liberté de culte de toutes les religions sans deux poids deux mesures, alors certainement elle aura raté le coche du « vivre ensemble » et devra se résoudre à la naissance d’une justice parallèle et indépendante qui elle, certainement et peut-être regrettablement, ne laissera pas indifférent l’Homme.